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- Publication : 4 juillet 2020
Les syndicats ont réagi avec combativité vendredi face à l'annonce officielle de la suppression de 7.580 postes d'ici fin 2022 au sein du groupe Air France, secoué par la crise du Covid-19 et décidé à tailler dans ses effectifs, en particulier dans le court-courrier.
A l'issue de deux réunions avec les représentants du personnel, à Montreuil et à Nantes, la direction a indiqué dans un communiqué vouloir supprimer 6.560 emplois sur 41.000 en CDI équivalents temps plein (ETP) au sein de la compagnie Air France et 1.020 postes ETP sur 2.420 chez Hop!, confirmant des informations obtenues mardi de sources syndicales par l'AFP. "Pendant trois mois, l'activité et le chiffre d'affaires d'Air France ont chuté de 95%, et au plus fort de la crise, la compagnie a perdu 15 millions d'euros par jour", souligne le groupe, qui anticipe une reprise "très lente". Il explique vouloir entamer une "transformation (qui) repose principalement sur le changement de modèle de son activité domestique, la réorganisation de ses fonctions support et la poursuite de la réduction de ses coûts externes et internes". Ces suppressions de postes représentent 16% des effectifs d'Air France et 40% de ceux de Hop!.La direction compte sur les départs naturels non remplacés (plus de 3.500 chez Air France, 200 chez Hop!) pour réduire le sureffectif identifié et sur des "dispositifs de départs privilégiant les mesures de volontariat, d'aménagement de fin de carrière et de mobilité professionnelle et géographique".
Mais selon les syndicats, le court-courrier, drastiquement réduit, pourrait être soumis à des départs contraints, une première chez Air France, faute de départs volontaires suffisants ou d'acceptation d'une mobilité géographique. Hop! sera logé à la même enseigne. Fortement secoué par la crise du Covid-19, comme l'ensemble du secteur, le groupe Air France s'est lancé dans un "plan de reconstruction" qui prévoit une réduction de son réseau français (déficitaire) de 40% d'ici à la fin 2021, avec notamment la fermeture des lignes disposant d'une alternative en train en moins de 2 heures 30, ainsi que le transfert de certaines lignes intérieures vers sa filiale à bas coûts Transavia, jusqu'ici cantonnée au moyen-courrier.
"La crise est brutale et ces mesures sont d'une ampleur inédite", a reconnu la directrice générale Anne Rigail dans un message aux salariés que l'AFP s'est procuré. Elles comprennent également une "modération salariale, avec un gel des augmentations générales et individuelles (hors ancienneté et promotions) pour tous en 2021 et 2022 ", y compris le comité exécutif d’Air France. -"Effet d'aubaine"- "Il s'agit de sauvegarder l'emploi de milliers de salariés (...) C'est dans cet état d'esprit que nous engagerons les négociations avec la ferme intention d'éviter tout licenciement sec", a réagi auprès de l'AFP Farid Slimani, de l'Unsa Aérien. "Ce sont encore les salariés qui paieront le tribut le plus lourd", a pour sa part regretté Christophe Malloggi, secrétaire général de FO Air France, premier syndicat de la compagnie. Air France-KLM a reçu au printemps un soutien financier de 7 milliards d'euros pour affronter les turbulences liées au Covid-19. "Certaines conditions de ces aides nous semblent insuffisantes, comme la protection des emplois, et d'autres trop contraignantes, comme l'interdiction d'effectuer des vols si le TGV relie deux villes à moins de 2 heures 30", estime M. Malloggi.
"On a deux effets, l'effet de la crise (…) et puis à l'évidence à Air France comme ailleurs une restructuration plus large, de plus long terme, et on a un effet d'aubaine, l'entreprise cherche aussi à faire des économies, des restructurations face à ce qu'elle appelle des défauts structurels", a jugé le numéro un de FO, Yves Veyrier, sur France Info. Devant le siège d'Air France à Roissy, une centaine de personnes s'étaient regroupées dans la matinée pour exprimer leur "colère". Le grillage de la vaste entrée du siège de la compagnie aérienne a été recouvert par de nombreuses affiches clamant "Nos vies valent plus que 7 milliards" ou "Air France veut nous tuer".
"On est très combatifs", a déclaré à l'AFP Jérôme Beaurain, de SUD Aérien. Chez Air France, la direction souhaite régler rapidement la question du sureffectif au sein du personnel navigant en négociant des ruptures conventionnelles collectives (RCC). Pour le personnel au sol, elle vise un PDV-PSE (plan de départs volontaires - plan de sauvegarde de l'emploi) pour environ 2.600 postes, de sources syndicales. Il en ira de même chez Hop!, où un PDV-PSE est prévu pour l'ensemble du personnel. A Nantes, près d'une cinquantaine de personnes ont cadenassé au petit matin un portail pour bloquer l'accès au siège de la compagnie régionale, et les représentants du personnel ont boycotté le comité social et économique (CSE) extraordinaire de Hop!. Seul le secrétaire (CGT) du CSE s'y est rendu afin d'obtenir la nomination d'un expert. La direction de Hop! a annoncé la fermeture de 12 des 14 bases de personnel navigant (toutes sauf Paris-Charles-de-Gaulle et Lyon) et des sites de maintenance de Lille et Morlaix. Un rassemblement de 150 à 200 personnes a également eu lieu sur le site breton, qui en emploie environ 300 et doit fermer d'ici 2023. A Morlaix, Arnaud Hue, représentant (CFE-CGC) du CSE, évoque une "injustice". "Le sentiment des salariés ici, c'est d'être vraiment sacrifiés par rapport à un plan qui descend directement d'Air France", a-t-il confié à l'AFP.
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