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- Publication : 21 mars 2016
Et si le héros de la tragédie Othello ou le Maure de Venise de William Shakespeare était inspiré de l'ambassadeur du Maroc à Londres, à l'époque du Saadien Ahmed al-Mansour?
Cette théorie, a priori surprenante, a été sérieusement soutenue par le site d'information britannique The Guardian, dans un article publié samedi 19 mars à l'occasion des 400 ans de la mort du dramaturge anglais.
Des similitudes frappantes
Abd al-Wahid Ben Masoud Ben Mohamed al-Annouri s'était rendu à Londres, en 1600, pour proposer à la reine Elizabeth I, un partenariat militaire entre les deux pays afin d'en venir à bout de l'Espagne, représentant à l'époque "un ennemi commun". Le diplomate, accompagné d'une délégation composée de traducteurs, marchands et hommes de religion, s'est installé dans la capitale britannique près de six mois, où il a négocié une alliance militaire, qui n'a finalement pas vu le jour. Al-Annouri a été contraint à retourner au Maroc sans ménagement.
Le portrait dressé par The Guardian du diplomate marocain est similaire à bien des abords à celui d'Othello, dont Shakespeare entame l'écriture quelques mois seulement après le départ d'al-Annouri de Londres. Comme Othello, l'ambassadeur marocain a fait l'objet d'une conversion religieuse dans le passé. Originaire d'Espagne, il avait été forcé à embrasser la religion chrétienne avant de s'échapper vers le Maroc et de revenir à sa croyance initiale.
Des missions soldées par un échec cuisant
Les similitudes entre les deux personnages, l'un relevant de la fiction et l'autre ayant marqué l'histoire diplomatique du Maroc, sont également frappantes sur le plan de leur mission. "Othello est un mercenaire, invité dans le coeur d'une communauté chrétienne pour combattre l'infidèle, mais qui est finalement expulsé sans ménagement", analyse The Guardian. Un destin qui fait penser à la mission qui s'est soldée par l'échec de notre ambassadeur chez la reine Elisabeth I.
Autre détail important, les musulmans ne couraient pas les rues anglaises à l'époque, comme le souligne le média britannique. Al-Nurri et sa délégation auraient provoqué l'étonnement voire la peur de nombreux Londoniens, poursuit The Guardian, qui explique que les habitants découvraient des hommes venus de loin "étrangement vêtus" qui "ont tué des bêtes chez eux pour en consommer la viande" et qui "utilisent des perles et prient les Saints". Shakespeare aurait donc pu découvrir la culture arabe-musulmane à travers cette délégation, qui a fait l'effet d'un ovni dans les rues londoniennes entre 1600 et 1601.
Pour l'histoire, le cinéaste américain Orson Welles a choisi Essaouira pour tourner une adaptation de l'oeuvre de Shakespeare en long métrage. Sorti en 1952, le film est présenté au Festival de Cannes la même année en tant que film marocain et obtient le Grand prix.
Yawatani.com et huffspotmagreb.
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