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- Publication : 24 avril 2015
Pays jeune et de plus en plus inséré dans la chaîne de valeur de l’économie mondiale, le royaume est aujourd’hui à la croisée des chemins en termes de choix stratégiques à effectuer pour revitaliser l’esprit d’entreprendre, tout en y incluant les forces économiques opérant dans le secteur informel.
Cette ligne directrice a été clairement définie par le chef de l’Etat, Sa Majesté le roi Mohammed VI, qui a affirmé sa volonté de faire de la jeunesse l’un des catalyseurs principaux à court terme d’une émergence marocaine qu’il souhaite à la fois solidaire et durable. Dans ce cadre, le plan d’accélération industriel (PAI), lancé au printemps dernier, trouve naturellement sa place dans la vision royale car il met la PME au centre de sa stratégie.
La recherche de croissance va avec une industrialisation accrue
La conviction des concepteurs du plan repose sur l’idée centrale que la recherche d’une croissance plus dynamique est consubstantielle à une industrialisation accrue du tissu productif marocain. A ce titre, dès l’annonce du lancement du PAI, un dispositif de mise en œuvre et de suivi a été mis en place par une équipe dédiée aux côtés de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique. La mise en œuvre du plan par cette équipe dédiée a été une entreprise sectorielle avec l'objectif de restructurer le tissu économique par grand domaine : automobile, textile, aéronautique, matériaux de construction, etc. De manière transversale, nous nous sommes attachés à faire porter l’opérationnalisation par l’administration et non par des structures externes afin de faire monter en puissance la capacité de l’Etat à exécuter et à suivre la ré-industrialisation du pays.
Toucher la réalité du terrain et réorganiser les agences de l’Etat
Cela nous a poussés à parler de la réalité du terrain avec chaque profession et à avoir des débats parfois musclés. Ces derniers ont toujours été empreints de la volonté de ne pas éviter les sujets qui fâchent. La question de l’intégration de l’informel - qui constitue un levier considérable à mobiliser pour faire du PAI une réalité vivante - a donc été prépondérante dans ces discussions et a fait l’objet d’une concertation élargie avec tous les partenaires de l’Etat concernés. Une autre nécessité urgente a été de procéder à la réorganisation des agences de l’Etat. L’Agence nationale des PME (ANPME) dispose désormais d’un nouvel organigramme pensé autour des écosystèmes performants et davantage centré sur la TPE, la PME à fort potentiel, et intègre la dimension régionale. L’Agence marocaine de promotion des investissements (AMDI) ainsi que Maroc Export ont également bénéficié d’une clarification et d’une mise en cohérence de leurs prérogatives.
Une nouveauté de taille : le statut d’autoentrepreneur
Enfin, nous avons également mené à son terme le projet de création du statut d’autoentrepreneur, désormais pleinement opérationnel. Il s’adresse aux deux types d’entrepreneuriat : social, et d’opportunité.Toutefois, ce travail acharné mené depuis dix-huit mois ne pourra réussir sans le maillon essentiel de toute économie moderne : le jeune entrepreneur. Le Maroc a en effet besoin de jeunes qui prennent des risques, sortent de leur zone de confort et tirent leur pays vers le haut. Or ce modèle du jeune entrepreneur marocain n’existe pas et il a du mal à émerger. Le définir, lui donner de la visibilité et l’inscrire dans la mondialisation et dans l’Afrique est de notre responsabilité afin de ne pas rater le virage de la troisième révolution industrielle, celui d’une économie de plus en plus digitalisée et connectée s’appuyant sur la formidable force centrifuge du réseau et des écosystèmes. Nous devons, de manière collective, arrêter la politique de la chaise vide et réaliser le danger que cela représente. Ces entrepreneurs, qui portent des valeurs précieuses et indispensables à l’émergence d’un pays, manquent aujourd’hui à l’économie marocaine. Une solution pragmatique doit être apportée à ce problème urgent.
Agir pour obtenir des résultats et pas seulement communiquer
Le défi majeur du politique des années à venir est de crédibiliser la parole publique par des résultats tangibles, et non grâce au "faire-savoir" et à la communication. Mais nous ne réussirons pas si, face à tout projet novateur initié, l’on oppose des «chaises vides» que les forces conservatrices exploitent. J’ai la conviction que le statut d'autoentrepreneur constitue une véritable révolution silencieuse pour le Maroc, mais qu’il ne réussira qu’à condition qu’il y ait des hommes et des femmes pour le porter et l’incarner. Pour faire avancer notre pays, nous avons besoin d’une mobilisation générale autour de valeurs et d’une éthique communes. Pour que le Maroc devienne une priorité dans l’agenda économique mondial, pour que les banques d’affaires, les multinationales ainsi que les grandes entreprises industrielles s’y intéressent, il nous faut provoquer ce changement et atteindre une taille critique. Créer l’espoir est également important, à condition qu’il repose sur des bases solides. C’est tout le sens du projet d’industrialisation et de dynamisation du commerce que notre ministère s’attelle à mettre en place en soutenant les plus forts dans leur expansion et en protégeant les plus faibles par un arsenal opérationnel couvrant l’ensemble de ces problématiques. Cette mission est poursuivie chaque jour avec ténacité et humilité, malgré les poches de résistance conservatrices parfois farouches, et souvent mal informées. J’appelle de mes vœux qu’un consensus national émerge sur la question de l’entrepreneuriat des jeunes, chance formidable pour notre pays.
source le Point Afrique
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