Les curieuses vérités de la Fédération de foot

La Fédération royale marocaine de football (FRMF) a renouvelé sa confiance dans le sélectionneur belge de l'équipe nationale, Eric Gerets, pour conduire son groupe dans l'étape qui vient, ce qui confirme ce qu'avait déjà dit Ali Fassi Fihri, le président de la FRMF, devant les membres de la majorité parlementaire.

 

Ce qui est surprenant, par contre, c'est que cette marque de confiance ait été votée à l'unanimité, comme si Gerets avait remporté le Mondial, et non qu'il ait été disqualifié au premier tour, réalisant la plus mauvaise performance des nationaux dans une coupe d'Afrique.

 

Ce qui est étonnant, aussi, est le silence appliqué des membres du Bureau fédéral, dont une partie avait pourtant critiqué à longueurs de colonnes dans la presse le fait de n'avoir pas été impliqués, du refus de Fassi Fihri à déléguer, de leur marginalisation par le président… Mais ce sont les mêmes qui n'ont rien dit durant la réunion, qui se sont murés dans un silence admirable, prouvant par là, clairement, que "la guerre" qu'ils avaient déclaré au président ne partait pas d'un bon sentiment, celui de servir l'équipe, mais qu'il était justifié simplement par leur volonté d'obtenir plus qu'ils n'ont déjà.

 

"Le jeu" s'est poursuivi lors de la déclaration devant la presse de Karim Allam, le président de la délégation marocaine au Gabon. L'homme a dit, entre autres, que les Marocains étaient partis sur un mauvais constat, celui que leur équipe était au Gabon pour ramener le trophée, avant d'entreprendre de trouver des excuses à Gerets, indiquant par exemple qu'il s'agissait pour le Belge de la première fois qu'il conduisait l'équipe nationale dans une compétition de cette envergure, que la CAN était pour lui une occasion de faire son baptême du feu… Allam a indiqué aussi que les propos de Gerets à l'égard des entraîneurs nationaux n'avaient pas été bien compris, et qu'il n'est pas au mieux de sa forme psychologique, que la FRMF lui a reconduit sa confiance en raison de sa bonne foi.

 

Ainsi, donc, la confiance aujourd'hui se fonde davantage sur la bonne foi que sur les bons résultats et la compétence, et Gerets n'est plus ce sélectionneur de renommée mondiale, comme il avait été naguère présenté, mais un homme qui fourbit ses armes en matière de football africain. Admirez les incohérences…

 

Ces déclarations de Karim Allam, le responsable fédéral, le chef de la délégation au Gabon, le président du comité organisateur du match contre l'Algérie, qui avait connu le scandale des tickets, suscite moult interrogations… En effet, ces propos indiquent que si Gerets a offensé les entraineurs et galvaudé les sentiments de toute une population, il a eu raison, car la Fédération, au lieu de lui demander des comptes et de le réprimander, voire de le révoquer en raison du "mépris" pour les Marocains, cette même Fédération lui trouve des circonstances atténuantes et ose même penser en creux que ce sont les Marocains qui n'ont pas bien compris, voire rien compris… Etant entendu que Fassi Fihri et Gerets avaient déclaré, tous les deux, devant la presse, que le Maroc partait au Gabon pour le titre, et qu'il n'est pas possible à la presse, marocaine ou belge, d'imputer à quelqu'un des propos qu'il n'a pas tenus…

 

Le Bureau fédéral a beaucoup travaillé à cette réunion … pour en définitive sortir des décisions dénuées de sens. Pire, le Bureau est en train de nous confirmer, en quelque sorte, que l'équipe nationale va dans la mauvaise direction, car les membres fédéraux ont fait des déclarations techniques sur le sélectionneur national qui n'emportent pas l'adhésion des professionnels… alors que dire de fédéraux sans compétences techniques ?...

 

Al Massae