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- Publication : 28 novembre 2016
Au Maroc, les femmes ont malheureusement eu droit, pour la journée mondiale contre les violences faites aux femmes, à toutes sortes de violences.
D'une part, le tuto de "Sabahiyate 2M" sur "comment couvrir les blessures et coups reçus par le mari", qui reflète la banalisation du sujet pour la grande majorité des Marocains.
La violence conjugale à l'encontre des femmes fait tellement partie intégrante de notre quotidien que l'on ne pense plus à éradiquer ce phénomène, ou du moins à sensibiliser les ignorants. On juge plutôt nécessaire d'"aider" ces pauvres femmes à camoufler leurs blessures, en attendant d'en recevoir d'autres.
Après tout, on ne voulait qu'aider les femmes à "se camoufler", à accepter leur destin, et vivre avec ces coups.
D'autre part, la pensée misogyne ambiante au Maroc a été corroborée par une vidéo mise en ligne par le site Welovebuzz. Dans cette vidéo, trois jeunes hommes s'expriment au sujet de la femme. "Faut-il battre la femme?", leur demande l'interlocuteur, qui a visiblement choisi les mauvaises, ou bonnes personnes, selon notre perception des choses.
Pour les trois, le mariage est un contrat entre le mari et sa femme, un contrat d'assujettissement du sexe féminin, de la ménagère, qui se doit d'obéir à son maître sous peine d'être battue. "Lmra ila mklatch l3ssa mn 7d l7d makatfeker 7d" ("la femme devrait être battue au moins une fois par semaine"), explique un jeune, l'air sérieux et confiant comme s'il avait cité un verset du coran, légitimant la violence envers les femmes.
La violence est même considérée par un autre comme un droit pour la femme. Ces réponses aussi bêtes et absurdes nous font sourire au début. Cela avant de réaliser que la pensée des trois "hommes" interviewés est partagée par une grande partie des Marocains. Pire encore, certaines femmes y adhèrent par conviction.
Mes pensées vont donc à ces femmes qui acceptent d'être battues, qui considèrent cela comme une normalité, voire même comme signe d'amour et d'affection.
Mes pensées vont également aux femmes à qui l'on impose un mari violent, aux femmes qui intériorisent dès leur plus jeune âge que désobéir à son mari revient à désobéir à Dieu. Et surtout aux femmes qui, en fuyant les coups du mari, s'attendent aux coups du père insatisfait du comportement de sa fille.
Mes pensées vont, enfin, aux femmes qui ont eu le courage de dénoncer leur mari, qui n'ont pas camouflé les coups reçus mais en ont plutôt fait une source de motivation. Un signe de désobéissance initiateur d'émancipation.
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