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Si vous doutiez de la complexité du conflit syrien, ces révélations faites par Foreign Policy et Le Monde devraient vous convaincre définitivement. 

En février, la revue américaine avait dévoilé les liens étranges qui unissaient trois acteurs sur le dossier du champ de gaz de Twinan (75km au sud-ouest de Raqqa) : Daech, le régime de Bachar al-Assad et la sa société russe Stroytransgaz.

Ce mercredi 2 mars, Le Monde a livré plus de détails sur ce surprenant ménage à trois. Au départ, ce sont des activistes de l'opposition au régime qui avaient dénoncé dès 2014 un arrangement entre l'Etat islamique et Bachar al-Assad pour le partage de ce site gazier. 

Puis, il s'est avéré que la société russe Stroytransgaz avait un intérêt dans ce dossier. Comment ? Il faut remonter à l'année 2007, au moment où la dictature avait passé un contrat à hauteur de 160 millions d'euros avec cette société pour comprendre cet accord. Stroytransgaz, propriété de Guennadi Timtchenko, souvent décrit comme "très proche" de Vladimir Poutine, a donc décroché ce contrat pour l'exploitation du champ de gaz de Twinan. Pour mener à bien ce projet juteux, Stroytransgaz a sollicité l'aide d'un sous-traitant, la société syrienne Hesco dirigée par l’homme d’affaires George Haswani, proche de Bachar al-Assad.

En marge de la révolution syrienne, la prise de ce site par le Front al-Nosra (branche syrienne d'al-Qaida) vient gâcher les plans des deux entreprises, jusqu'à la reprise de l'usine en janvier 2014 par Daech. À ce moment, l'entreprise Hesco va reprendre les travaux sur le site. "Le 12 janvier, le quotidien gouvernemental syrien Tishreen annonce même, sur la foi d’informations officielles, la 'livraison au ministère de l’énergie et pour la fin de l’année de l’usine de Twinan par Stroytransgaz'", détaille Le Monde

Un loyer versé à Daech

Un an plus tard, au moment où ces travaux sont achevés, s'entament des négociations entre Hesco, l'EI et Damas. En ressort un accord sur le versement d'un loyer mensuel de 72.000 euros à Daech contre la protection du site par les jihadistes. À ce loyer, s'ajoutent des taxes perçues par l'EI. En résumé, Hesco exploite, Damas a l'assurance d'avoir du gaz et Daech se paie sur la bête. Aussi, Hesco et l'EI s'accordent sur le partage de la production de la centrale électrique d'Alep (aussi sous contrôle de Daech). Cette centrale (alimentée par le gaz de Twinan) va donc fournir en électricité 50 mégawatts pour le régime et 70 mégawatts pour l'EI. 

Durant l'année 2015, l'usine de Twinan produisait "jusqu'à un million de mètres cubes et 2 000 barils de condensat", détaille Le Monde. À noter aussi que George Haswani, le patron de Hesco, est aujourd'hui accusé par les États-Unis et l'Union européenne de s'être fourni en énergie auprès de l'EI pour le compte de Damas. Et donc, d'avoir contribué à la prospérité des finances de l'Etat islamique. 

Aujourd'hui, ces relations "énergétiques" entre le régime et l'EI ne sont plus du tout au beau fixe depuis la reprise de la centrale électrique d'Alep par les troupes de Bachar al-Assad. Quoi qu'il en soit, Hesco a bien exploité du gaz en collaboration avec Daech pour le compte de l'entreprise russe Stroytransgaz. En juin 2015 d'ailleurs, des ingénieurs russes avaient été repérés sur le site de l'usine de Twinan.

 

Yawatan.com et huffspot.

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