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L’importance du capital immatériel – le soufisme – pour la réalisation du développement, la préservation de la cohésion sociale et de la stabilité ainsi que la garantie de l’équilibre et de la sécurité spirituelle, sa présence enracinée dans l’histoire du pays en tant que fondement de l’identité religieuse et nationale, et enfin la nécessité d’investir dans l’humain et dans le capital immatériel national, sont les axes traités par le Dr. Moulay Mounir El Kadiri lors de son intervention, ce samedi 12 Février, à l’occasion de la 91ème édition des Nuits al Wissal organisée par la Tariqa Qadiriya Boutchichiya.
 
Le Dr. El Kadiri a commencé son allocution en signalant que la culture soufie fait partie de l’histoire de la communauté musulmane et qu’elle a, de tout temps, offert un terrain favorable pour le vivre ensemble, la sécurité, et l’abreuvement spirituel dans un monde où l’humanité aspire à une vie spirituelle lumineuse et épanouie et à la propagation de la culture de la paix et de l’amour.
 
Il a ajouté que la culture soufie, en associant la connaissance extérieure à la connaissance spirituelle, permet à l’être humain de s’ouvrir sur les richesses immatérielles des profondeurs de son humanité, de développer un respect évident pour la diversité des religions et des cultures, et de contribuer à l’édification d’une civilisation de valeurs qui célèbre l’humanité et sa dimension spirituelle et morale.
 
Il a continué en signalant que l’objectif principal de la venue du Prophète, Paix et Salut sur lui, a été de parfaire la noblesse du comportement, comme l’atteste le Hadith : « Je n’ai été envoyé que pour parfaire la noblesse du comportement ». Il a également cité cette parole d’Ibn al Qayyim al Jawziya, qu’Allah Fasse Miséricorde à son âme : « Il y a unanimité sur le fait que le soufisme est le bon comportement ».
 
Il a, par ailleurs, critiqué la place marginale accordée aux dimensions spirituelle et éthique de l’homme par notre civilisation actuelle. Il a considéré que cette négligence a entrainé nos sociétés dans des tunnels sombres malgré le progrès matériel et technique. Il a cité parmi les aspects négatifs de ce développement purement matériel : les crises morales et psychologiques étouffantes dans lesquelles se débat l’homme aujourd’hui, le vide spirituel effarant qu’il endure, les écarts de conduite, ainsi que l’épuisement des ressources de la planète et le déséquilibre dangereux du système écologique mondiale.
Il a montré que les voies soufies authentiques ont toujours œuvré pour que l’éthique et les valeurs occupent une place importante dans les préoccupations de l’humanité, afin qu’elle puisse vivre les évolutions du monde moderne et sa réalité en harmonie avec les valeurs universelles de justice, d’égalité, de respect et de vivre ensemble. Il a continué en précisant qu’il s’agit d’une approche qui encourage le développement de la sensibilité afin de découvrir les signes manifestés dans cet univers, car c’est une approche dont l’origine est la station de l’excellence et dont l’objectif est l’élévation de l’âme, l’éducation de l’ego et la réalisation du sens de la responsabilité et du bien commun de l’humanité.
 
Le Dr. El Kadiri a affirmé : « C’est une éducation éthique qui vise à protéger les espaces de notre vie du délabrement, en attirant l’attention sur la notion centrale d’examen de conscience permanent afin d’honorer notre devoir vis-à-vis de Dieu, Exalté Soit-Il, et de Ses créatures. C’est une notion qui encourage le travail et l’engagement moral, afin que l’homme s’investisse activement dans la voie de l’excellence et endure avec patience les difficultés de la vie, en aspirant à la Face de Dieu, Exalté Soit-Il, et à la réalisation du bonheur dans ce monde et dans l’au-delà. On dit : « Celui qui craint Dieu, Dieu Fait que toute chose le craint », et Dieu, Exalté Soit-Il, Dit dans le verset 72 de la Sourate 17 (al Israa) : « Quant à celui qui était aveugle ici-bas, il le sera également dans l’ultime demeure, voire plus égaré encore ».
 
Il a attiré l’attention sur le fait qu’il faut comprendre le soufisme comme une pratique d’adoration, qui fait de la religion un outil pour réaliser deux objectifs : La première est éthique et consiste à réformer la société, élever ses valeurs et sa spiritualité et la deuxième est cognitif et consiste dans le renforcement du lien entre l’homme et son Seigneur, qui est un lien d’adoration et d’amour, et dont le but ultime est de réaliser la connaissance de Dieu, Exalté Soit-Il.
Il a, de surcroit, ajouté que l’éducation spirituelle et éthique du soufisme est la synthèse des connaissances subtiles et élevées des maitres soufis, gens de Dieu, que nous devons exploiter pour préparer l’être humain sur le plan religieux, spirituel, intellectuel et comportemental, en parallèle avec sa préparation pour la vie pratique. Il a insisté sur le fait que cette règle est bien celle qui a été portée par le noble Messager (PSL) dans l’établissement du modèle de développement de la communauté, valable pour tous les lieux et les époques. Il a conclu ce point en affirmant que « Le summum du bon comportement est la réalisation de la station de servitude (vis-à vis de Dieu, Exalté Soit-Il) et l’accomplissement des droits du Seigneur ».
 
Sur la base de ces réflexions, le président de la Fondation al Moultaqa a considéré que les soufis doivent aujourd’hui relever le défi de sa résurrection et de la revivification de son rôle central qui consiste à purifier les âmes et réformer les sociétés, et cela à travers un renouvellement du discours soufi afin qu’il s’adapte au contexte de notre époque car « Le soufi est le fils de son temps ».
 
Il a ajouté que le soufi se met au service de tous, indépendamment de leurs religions ou croyances, et qu’il est bon envers ceux qui le méritent et ceux qui ne le méritent pas. C’est un être humain qui établit un équilibre entre sa dimension matérielle et sa dimension spirituelle, qui œuvre dans son présent et construit son futur. Il a cité à ce sujet cette parole du noble Prophète (PSL) : « Crains Dieu où que tu sois, fais suivre une mauvaise action par une bonne, elle l’effacera, et aies un bon comportement envers les gens » (Rapporté par At-Tirmidhi).
Il a également mentionné la définition académique du capital immatériel, et qui est le capital humain immatériel consistant en les valeurs qui ont un impact sur le citoyen et la société et qui affectent positivement ou négativement l’efficacité de leur activité sociale et économique. Il a rappelé que le capital immatériel est parmi les normes les plus récentes utilisées à l’échelle internationale pour mesurer la valeur globale d’un pays. Il a insisté sur le fait que les pays développées le sont devenus principalement grâce à leur investissement dans le capital humain comme moteur de la croissance et de la prospérité économique.
Il a souligné que l’économiste Alfred Marshall « a insisté sur l’importance d’investir dans le capital humain en le considérant comme un investissement national, et qu’il est le meilleur des capitaux en termes de valeur, et la clé du progrès des nations ».
 
Il a par ailleurs signalé que le terme de « capital immatériel » ne date pas d’aujourd’hui et qu’il est apparu au début des années soixante avec l’économiste américain Schults qui a considéré que « la compétence et le savoir que possèdent l’individu sont une forme de capital dans lequel il est possible d’investir ».
Le Dr. El Kadiri a aussi montré que la valeur de l’héritage soufi au royaume du Maroc, en tant qu’héritage spirituel et symbolique considérable, dépasse son simple rôle historique, social ou psychologique, car il est un fondement essentiel de l’identité marocaine authentique, dans sa dimension religieuse et civilisationnelle. En effet, cette identité s’est construite sur trois principes fondateurs : Le dogme Ash’arite, la doctrine Malikite, le soufisme de d’Imam al Junayd, et l’institution du commandant des croyants, qui sont la garantie qui protège cette identité, la renforce, et assure sa continuité.
Il a, dans ce sens, ajouté que cet héritage spirituel du peuple marocain est une richesse immatériel dans laquelle il est possible d’investir et qui peut être transformé pour produire plus de richesse. Il dit à ce sujet : « C’est une richesse d’éthique et de valeurs qui, si les jeunes particulièrement, et tout le peuple plus généralement, y croient et la mettent en pratique, peut transformer leur état vers le meilleur et jeter les bases d’une révolution scientifique, économique et civilisationnelle, dont l’essence est ce capital immatériel et le fondement est la grandeur de ses hommes, leurs valeurs humaines et leur citoyenneté sincère, comme l’atteste le verset 11 de la Sourate ar-Ra’d (Le Tonnerre) : « Dieu ne change pas la condition d’un peuple jusqu’à ce qu’il change ce qui est en lui-même » ».
 
Il a, dans ce contexte, cité un extrait du discours de sa Majesté le Roi Mohammed 6, que Dieu l’Assiste, à l’occasion de la 15ème commémoration de la fête du trône : « Nous pensons que le modèle de développement marocain a atteint un niveau de maturité qui nous permet d’utiliser des normes plus avancées et plus précises pour évaluer l’efficacité des politiques publiques et leur impact concret sur la vie des citoyens, et c’est ce qui a été confirmé par la banque mondiale, qui a montré que la valeur globale du Maroc a connu une croissance considérable ces dernières années, en particulier grâce à la grande croissance du capital immatériel, qui est une des normes les plus récentes pour mesurer la valeur globale des pays ».
 
Le Dr. El Kadiri a signalé que le Maroc a réalisé très tôt, grâce aux directives de Sa Majesté le Roi Mohammed 6, que Dieu l’Assiste, la nécessité d’effectuer une évaluation globale de sa richesse immatérielle et de disposer de nouveaux outils pour gérer les politiques publiques en accordant plus d’importance au capital immatériel qui inclut la dimension spirituelle, ainsi que la nécessité d’élaborer un nouveau modèle de développement purement marocain, qui part des spécificités marocaines, en s’inspirant uniquement des points positives des expériences des autres pays, et qui investit dans l’héritage culturelle et spirituelle – le soufisme – pour lancer un développement régional permettant de faciliter la mise en pratique des directives nationals.
 
Il a enfin conclu son allocution en insistant sur la nécessité que tout le monde « individus, société civile, partis politiques, confréries soufies, savants et tous les acteurs de la société » prennent conscience que l’investissement dans le facteur humain est une priorité et une nécessité absolue, dont ne dispense pas la détention de ressources naturelles et d’industries puissantes, afin d’éviter les erreurs commises par certains pays qui n’ont pas su préservé leurs richesses et mettre en place un progrès durable. Il continué en indiquant que l’investissement dans la richesse humaine et la jeunesse vise à préparer une génération de jeunes qui seront les piliers de la société et l’élément fondamental dans la garantie d’un meilleur avenir pour le pays et d’un développement globale et durable, un développement matériel en apparence mais dont l’essence est spirituelle, ce qui garantit à notre pays le rôle de pionnier et la place privilégiée qu’il mérite et vers laquelle il aspire sous la gouvernance bien guidée de sa Majesté, commandeur des croyants, le roi Mohammed 6, que Dieu l’Assite.

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