Yawatani

Quatre jours après l'attentat de San Bernardino, président américain s'est adressé à la nation depuis le bureau ovale.

Il a réaffirmé sa volonté de « pourchasser et éliminer les chefs terroristes partout où ils se trouvent avec l'aide des pays alliés » tout en excluant l'envoi de troupes au sol.

«Nous allons vaincre…», dit le président, qui appelle la classe politique et le pays à s'unir dans la lutte contre Daech mais n'annonce aucun changement majeur de stratégie et confirme qu'il ne lancera pas son pays dans une nouvelle opération terrestre. Ce dimanche soir, à 20 heures, Barack Obama, le visage grave et creusé par 7 ans d'une présidence lourde en défis, choisit de s'adresser à la nation, quatre jours après l'attentat spectaculaire qui a frappé le pays à San Bernardino, en Californie. C'est la troisième fois seulement depuis le début de sa présidence qu'il s'exprime depuis le bureau ovale, debout à une tribune placée juste devant la célèbre table où il travaille quotidiennement.

Pragmatisme

Accusé par ses adversaires d'avoir sous estimé le terrorisme islamiste, Daech et le phénomène des loups solitaires radicalisés, et d'avoir été trop peu engagé dans la gestion de la crise syrienne, il est clairement là pour rassurer un pays qui a plongé dans la peur, lui montrer qu'il a conscience de la réalité du danger et lui parler des mesures qui vont être mises en œuvre pour protéger l'Amérique. «Il est là pour parler en commandant en chef, alors que le pays éprouve un profond malaise», commente Gloria Borger, commentatrice à CNN. Mais au terme du discours, rien ne parait vraiment nouveau dans l'approche. Et le ton, s'il est grave, est loin d'être churchillien. C'est du Obama pragmatique, qui veut garder la tête froide. Mais n'inspire ni ne rassure grand monde.

Le président commence par revenir sur l'attentat de San Bernardino, qu'il qualifie pour la première fois clairement d'attentat terroriste, même s'il souligne qu'il n'y a, à ce stade de l'enquête, aucune indication sur le fait que l'ignoble attentat orchestré par un couple d'origine pakistanaise ait bénéficié de complicités étrangères ou intérieures.

Il note que le terrorisme islamiste, combattu par l'Amérique avec constance depuis le 11 septembre, est entré dans une «nouvelle phase» dangereuse qui inquiète les gens. Il évoque ses filles pour exprimer à quel point il comprend ce sentiment. «Certains se demandent si nous ne sommes pas confrontés à un cancer sans remède», note­t­il. Mais il affirme que l'Amérique vaincra l'État islamique et ses soldats du terrorisme, comme elle l'a toujours fait parce que la «liberté est plus puissante que la peur».

Il énumère les mesures qu'il utilisera pour y parvenir: pourchasser et éliminer les chefs terroristes partout où ils se trouvent avec l'aide des pays alliés. Entraîner des milliers de membres des forces locales syriennes et irakiennes. «Désorganiser la machine de Daech» en détruisant les centres de commandement de l'EI, en asséchant ses finances et ses moyens de propagande et de recrutement en ligne. Obama parle aussi de renforcer les contrôles pour ceux qui entrent aux États­Unis, notamment avec des dispenses de visas. Il parle aussi de limiter l'accès aux armes à feu des «gens dangereux». Le président appelle également le Congrès à voter l'autorisation militaire qu'il a sollicitée depuis plus d'un an, pour pouvoir augmenter sa marge de manœuvre en matière d'engagement militaire, une manière de répondre sèchement à ses adversaires qui l'accusent d'inaction. Mais Obama prend bien soin de dire aussi que sa stratégie militaire en Syrie et en Irak ne changera pas fondamentalement. D'accord pour intensifier les frappes et mobiliser des forces spéciales pour des opérations de renseignement. Mais pas question d'envisager l'envoi de troupes terrestres et se «laisser engager dans une guerre longue et coûteuse». «Si nous le faisons, Daech pourrait maintenir son insurrection pendant des années», a-­t-­il prévenu notant qu'il s'agissait là du rêve de l'organisation terroriste.

Reprenant un thème qui lui est cher, Obama appelle aussi les Américains à ne pas céder à la tentation de la discrimination contre les musulmans d'Amérique. «L'État islamique ne parle pas pour l'islam, ce sont des voyous, qui ont le culte de la mort», dit­il, notant que l'Amérique a «besoin d'enrôler la communauté musulmane à ses côtés» pour combattre le terrorisme, au lieu de l'aliéner. Pour la première fois toutefois, Obama reconnaît aussi en termes clairs qu'il n'est pas pour autant question d'ignorer que les musulmans «ont un problème» dans leurs rangs, et qu'ils doivent rejeter avec fermeté l'idéologie de haine d'une partie des siens. Mais il évoque ensuite tous ces musulmans, «voisins», «collègues», «soldats risquant leur vie pour le pays».

Répondant avec dureté aux dérives de certains candidats républicains, il note que vouloir leur imposer un traitement différent (allusion aux déclarations de Donald Trump) serait «une trahison des valeurs» américaines. «Nous gagnerons parce que nous sommes du bon côté de l'histoire», dit­il. Après ce discours, toutefois, plusieurs commentateurs se disent sceptiques. «Il a présenté la même stratégie, en disant qu'elle allait marcher, mais elle ne marche pas, c'est désormais évident», a dit le journaliste Michael Weiss, auteur d'un livre sur Daech.

«Je n'ai aucune raison de croire que nous allons avoir plus de succès dans notre stratégie qu'auparavant», a confirmé l'analyste David Gergen. «La stratégie du président n'est pas suffisante, a expliqué de son côté, le candidat républicain John Kasich juste après l'adresse. Sans une bataille au sol contre l'EI, l'État islamique ne pourra être détruit. J'ai appelé depuis février à une coalition pour le faire. Nous devons arrêter de reporter et agir.» Kasich, comme l'ensemble des candidats républicains, a également critiqué la volonté d'Obama de parler du contrôle des armes, jugeant que ce n'était pas le problème. Les démocrates estiment qu'il s'agit là au contraire d'une proposition importante. Autant dire que la classe politique reste divisée. Il est clair que le discours n'aura en rien changé ces lignes de partage.

H24info

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