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SOCIÉTÉ - Le numéro vert est arrivé! Quel rôle a-t-il? A la suite de la crise des consulats marocains à l'étranger, soulevée et mise sur la table des discussions et donc de la résolution par le roi lui-même, il fut créé, entre autres mesures (notamment l'envoi de missions d'inspection dans les consulats incriminés), un numéro vert censé mettre fin aux querelles administratives entre citoyens marocains à l'étranger et leurs représentations dans les pays d'accueil.

Ce numéro qui reçoit les plaintes devrait en toute logique trouver la solution idoine à un problème sur lequel le consulat et l'administré ne peuvent se résoudre à se mettre d'accord dans leur relation directe. Il serait en quelque sorte le "juge choisi consensuellement pour dire le vrai". En somme, le médiateur qui recommande sans obliger, qui conseille, qui explique la loi, l'usage, le bon sens...

Aux dernières nouvelles, le rôle de ce numéro ne dépasse guère la fonction de caisse de résonance. En effet, après avoir relaté son problème et décliné son identité, le ressortissant marocain voit ses informations transmises, sans le moindre effort de réflexion, au consul concerné par l'affaire. Aucun examen fondé sur la loi, les règlements ou même l'usage n'est prévu pour démêler la brouille. C'est le poisson qui se mord continuellement et désespérément la queue.

L'enlisement est de mise. Le ressortissant, faute d'avoir été éclairé sur ses droits et ses obligations, se résigne à l'attitude de celui qui n'a plus que le recours de la soumission à un "diktat" dont il estime être dépassé fatalement. Aussi, il remise tous les rouages de l'État marocain dans la case qu'il a étiquetée à jamais: "administration génétiquement injuste", parce qu'il estime bien la connaître pour l'avoir trop fréquentée et n'avoir recueilli que l'amertume de la déception.

Le ressortissant n'est bien souvent considéré, non pas comme une personne à servir, mais comme une source d'ennui quasi inévitable. Le consul et ses services ne se retrouvent pas dans une meilleure situation. Le syndrome de la peur de la colère de l'autorité supérieure, et ses retombées négatives sur la suite de la carrière (voire l'avenir) de l'agent consulaire, annihile souvent toute volonté d'appliquer les lois, les règlements et consignes. Chaque jour qui passe sans que le numéro vert fasse écho d'une plainte est alors considéré comme un moment de répit en attendant, la peur au ventre, sa prochaine manifestation.

On ne peut s'étonner que les relations des deux côtés du "comptoir" s'apparentent plus à une guerre larvée, froide, qu'à des rapports de convivialité où chacun se sent tributaire de l'autre. D'outil de réconciliation, le numéro vert se mue, en cas de mauvaise foi, en outil de règlement de compte au détriment des agents consulaires, parce qu'aucun contrôle préalable n'est envisagé, aucune enquête n'est diligentée pour séparer le bon grain de l'ivraie.

Les exigences d'un État de droit

Nul ne disconvient que des distorsions frappent sévèrement nos services consulaires à l'étranger. Cependant, elles sont loin d'être le seul fait d'une volonté personnelle déclarée ou sournoise. Elles sont de la même nature que les dysfonctionnements qui obèrent notre administration à l'intérieur. Elles tiennent à un manque de formation tant initiale que continue, d'information, de communication d'abord intra-administration et aussi entre l'administré et l'agent de l'administration.

Bref, nous sommes mis en demeure d'inculquer un comportement de citoyen d'État de droit à nos fonctionnaires et nos agents d'administration, mais aussi à tous les Marocains de l'intérieur comme de l'extérieur. On en a tous besoin. Même ceux qui traînent derrière eux une vie de plusieurs décennies dans des pays ayant une longue expérience d'État de droit. Non que ceux-ci sont une bizarrerie dans ces pays, mais parce qu'ils souffrent d'une schizophrénie, voire d'une dualité manifeste du comportement, selon qu'ils se trouvent au Maroc ou dans le pays d'adoption.

Apprenons à nos fonctionnaires et agents de l'administration à savoir communiquer et donc écouter. Ecouter implique que l'on soit conscient que la personne qui est en face de nous n'est pas là pour obéir servilement, mais pour comprendre et apprendre dans le respect mutuel, ce qui suppose un climat de confiance, lequel ne saurait s'instaurer que moyennant une mise à l'épreuve, car la fracture est réellement béante. Que nos ressortissants résidant à l'étranger apprennent et admettent que les Marocains de l'intérieur sont sensibles à l'État de droit et peuvent être pénétrés de ses principes et ses pratiques, et qu'ils consentent le même respect aux lois et règlements marocains que celui qu'ils accordent volontiers à ceux de leur pays d'accueil.

Le premier pas (et peut-être le plus décisif) est de faire de ce numéro vert non une caisse de résonance qui parasite plus qu'elle ne suscite l'entente, mais un véritable espace de médiation. Inspirons-nous de l'expérience des pays où l'État de droit est enraciné. Un tel espace de médiation, qui se ramifiera en fonction des tâches consulaires, sera confié à un(e) responsable muni(e) d'une grande expérience du terrain consulaire et aussi d'une grande connaissance théorique des lois et règlements. Ses collaborateurs n'en seront pas moins qualifiés.

Son rôle, comme son nom l'indique, sera de rapprocher les positions en se fondant sur la légalité. Par la même occasion, les retombées de son action conforme aux exigences de l'État de droit ne seront que bénéfiques dans le sens d'un apprentissage d'une conduite respectueuse de l'Etat de droit et cela, que ce soit de la part des commis de l'État ou des Marocains expatriés.

En définitive, tout dispositif et quelles que soient son ampleur et sa finalité, ne saurait être efficace à la longue que moyennant une formation continue qui remet à jour tant les idées que les pratiques du fonctionnaire. Je ne voudrais pas finir sans rappeler cette lapalissade que l'on ne peut inculquer les exigences de l'Etat de droit sans en être soi-même imprégné jusqu'à la plus petite cellule du cerveau. Celles-ci devraient se manifester par le réflexe et non par un agissement recherché et commandé.

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