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- Publication : 15 août 2017
En 2015, l'Organisation du commerce islamique estimait le marché mondial du halal à 2.300 milliards de dirhams. Au Maroc, ce segment peine à décoller, la faute à un amalgame entre les aspects business et religieux du secteur.
Le Maroc enregistre depuis 2004 une croissance de 12% dans le secteur du halal, selon l'ex-ministre chargé du Commerce extérieur, Mohamed Abbou. Ce dernier intervenait lors du Forum africain sur le business halal qui se tenait à Dakar en mars 2016.
Une niche à exploiter pour les exportateurs
Introduite en 2012 par l'Institut marocain de normalisation (Imanor), la certification halal permet d'attester la conformité d'une entreprise ou d'un produit aux normes définies par la religion islamique.
À ce jour, "environ 100 entreprises ont vu leurs produits recevoir ce label, 90% d'entre elles exerçant dans le secteur de l'agroalimentaire. Le reste exerce dans le cosmétique", précise le directeur de l'Imanor, Abderrahim Taïbi. "Accéder aux marchés étrangers qui exigent une certification halal. La quasi-totalité des produits labellisés est destinée à l'export", poursuit-il.
En 2015, le label a été reconnu par l'autorité malaisienne chargée des affaires islamiques (Jakim), ce qui a permis aux produits marocains "de faire leur entrée dans le marché malaisien et de pouvoir être concurrentiels". Par extension, "le label est désormais reconnu dans le groupement économique Asean regroupant dix pays de l'Asie du Sud-est, dont le marché ne compte pas moins de 600 millions de consommateurs", poursuit Abderrahim Taïbi.
Une aubaine pour les exportateurs marocains? "Oui, s'ils arrivent à dissocier le halal religieux du halal business. Il y a aujourd'hui chez les opérateurs marocains un amalgame entre les deux qui freine l'essor des produits voués à l'exportation", répond Hassan Sentissi, président de l'Association marocaine des exportateurs (Asmex). "La majorité d'entre eux estime que les produits sont automatiquement reconnus comme halal, car ils sont produits au Maroc par une main d'oeuvre marocaine, donc musulmane. Or, pour les marchés étrangers, ces arguments ne font pas le poids devant un label en bonne et due forme", explique-t-il.
Un manque à gagner pour les PME
Abderrahim Taïbi regrette le "désintérêt" des entreprises marocaines pour le label, qu'il voit comme "un tremplin vers des marchés porteurs", notamment ceux de l'asie du Moyent-Orient et de l'Asie du sud-est. Selon lui, "les coopératives et les PME spécialisées dans la production de produits cosmétiques à base de produits du terroir comme l’huile d’argan, le miel, le savon noir ou l’eau de rose ont beaucoup à gagner en ciblant ces marchés".
Bémol, peu de petites coopératives peuvent s'offrir le label au vu de son coût relativement élevé : 5000 dirhams par jour d'audit en plus des frais de transports des experts. Résultat, deux jours d'audit peuvent facilement coûter 15000 dirhams. "Pour encourager les opérateurs marocains à investir dans cette niche, l'Etat doit soutenir les petites coopératives à fort potentiel pour dans l'obtention du label, en finançant une partie ou la totalité des frais", suggère le directeur de l'Imanor.
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