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- Publication : 6 mai 2019
L’ex-photographe-star des stars de la pop et du rock des années soixante se révèle être un photographe de mode des plus artistes.
En écho au grandiose défilé Croisière Christian Dior, ayant littéralement enflammé, la semaine dernière, les travées du palais El Badii -en même temps que la planète fashion-, la Galerie marrakchie Dar El Bacha a eu la bonne idée de programmer une exposition réunissant les plus beaux clichés de mode, signés de l'un des plus célèbres photographes français: le mythique Jean-François Périer.
Mais attention! Pas des vulgaires photos de mode, vantant les mérites de telle ou telle marque, comme on en croise, par milliers, sur le papier glacé des magazines féminins.
Commandées par Marie Périer, alors rédactrice en chef de "Elle", à son frère, dans les années 1990, les photographies dont il s'agit ici sont de véritables œuvres plasticiennes. À la mise en scène hautement théâtrale -pour ne pas dire "opéra"-, dans lesquelles les protagonistes sont moins les robes sélectionnées -aussi somptueuses soient-elles- que leur créateur ou créatrice, restitués dans leur propre univers.
Un univers fantasmé, ou pour le moins sublimé.
Tant par leur composition, leur onirisme, que leur palette chromatique, les photographies de mode exécutées par Jean-Marc Périer évoquent, ni plus ni moins, des toiles de maîtres.
Mais qui est donc cet artiste ?
Il est né à Neuilly, en 1940. De François Périer et Jacqueline Pouel, un couple d'acteurs -elle est la petite-fille de la comédienne Réjane, une légende (1856-1920).
Pour la petite histoire, l'adolescent apprendra, sur le tard, qu'il est, en réalité, le fils biologique du célébrissime chanteur Henri Salvador -interprète, entre autres, de "Zorro est arrivé"-... Lequel ne s'est, manifestement, jamais préoccupé de cet unique rejeton.
Très jeune, par l'entremise de son père adoptif, il devient assistant-photographe du grand Daniel Filippacchi, auprès de qui il apprend tout.
Filippacchi est, tour à tour, ou en même temps, patron de presse et photographe à Marie-Claire et Paris-Match, à Jazz Magazine, à Salut les Copains, mais aussi animateur d'émissions radio musicales.
De 1962 à 1974, Jean-Marie Périer devient ainsi le photographe attitré du magazine musical français le plus célèbre de son temps: Salut les Copains.
Ce sont ses plus belles années de gloire et d'insouciance. Il immortalise, alors, toutes les figures de la déferlante yéyé: de Françoise Hardy à Johnny Hallyday, en passant par Sylvie Vartan et Cloclo -des images considérées, aujourd'hui, comme de véritables icônes de la culture pop française des années 60-.
Loin de se contenter de fixer sur pellicule les vedettes françaises du moment, il est également en charge de capturer les images de toutes les stars de rock internationales de passage à Paris.
On lui doit, ainsi, de mémorables clichés de Mick Jagger, de John Lennon et autres Duke Ellington.
Son secret? Se faire auparavant ami avec ses "sujets". "C'était une autre époque. Le temps de l'insouciance. Nous n'avions aucune pression", racontera-t-il, en substance, dans "Mes années 60", un de ses nombreux ouvrages autobiographiques.
Dès 1974, Jean-Marie Périer passe à la réalisation et entamera bientôt une belle carrière dans la publicité, en grande partie aux États-Unis.
De retour en France en 1990, il renoue avec la photographie pour le compte de Elle et de Paris-Match.
En 2018, il expose une sélection de ses plus belles réalisations en mode à la galerie parisienne Photo 12.
Il est impératif d'aller "se rincer l'œil" de ces chefs-d'œuvres du genre, lesquels, faut-il le répéter, sont plus que de simples photos de mode.
Actuellement à la Galerie Dar El Bacha, Marrakech. Jusqu'au 10 juin.
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