Yawatani

Non, le Musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain ne censure pas ses oeuvres.

Contrairement à une information qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, des tableaux de l'artiste Malik Nejmi n'ont pas été délibérément recouverts d'un voile par le musée, mais bien par l'artiste lui-même dans une démarche artistique voulue.

Exposées ainsi depuis l'ouverture du MMVI en octobre 2014, ces oeuvres représentant le corps nu d'un homme sont cachées par des foulards colorés. Selon un visiteur qui a voulu soulever un des voiles, un agent de sécurité l'aurait interpellé pour lui dire que c'était interdit car "les musulmans ne devraient pas regarder ces choses-là". Il n'en a pas suffi plus pour que les internautes s'insurgent contre ce qu'ils pensent être un acte de censure.

"Qui dit création dit liberté"

Or, il n'en est rien. Selon Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées, l'oeuvre voilée a été voulue par l'artiste lui-même. "Nous sommes un lieu où nous célébrons la création. Qui dit création dit liberté, jamais nous ne censurerons une oeuvre dans le musée", nous explique-t-il. "Les personnes qui colportent ce genre de rumeurs auraient dû se renseigner sur l'oeuvre".

Contacté par le HuffPost Maroc, l'artiste tombe des nues et dit ne pas comprendre cette polémique. "Ces foulards traditionnels ukrainiens ont une histoire. Ma grand-mère en portait des semblables et elle m'en avait donné un avec d'autres objets avant de mourir", explique-t-il.

"J'ai entamé une démarche artistique autour de ces objets, qui ont donné lieu à une installation photographique intitulée 'La chambre marocaine' dans laquelle ce foulard est mis en scène", continue Malik Nejmi. "J'ai ensuite donné ces objets au musée de l'histoire de l'immigration à Paris. Mais ce foulard me manquait, j'ai décidé d'en racheter sur Internet et de les intégrer à cette nouvelle oeuvre". 

malik nejmi

Au mur, les oeuvres de Malik Nejmi

"Montrer la schizophrénie de la société"

L'oeuvre, réalisée en 2004, avait fait polémique au sein de sa famille à l'époque. Elle représente en effet son cousin toxicomane, dont l'artiste avait découvert la dure réalité quotidienne. "Ma famille n'a pas supporté que mon cousin soit exposé comme cela. Je n'ai pas pu retourner au Maroc pendant dix ans à cause de cette histoire, cela a provoqué un vrai déchirement. J'avais en quelque sorte brisé un tabou parce que je m'étais exprimé publiquement sur quelque chose de honteux pour ma famille", poursuit-il. 

"En ajoutant ces foulards, qui n'ont rien d'islamique, j'ai voulu montrer que je pouvais exposer mes oeuvres tout en respectant la volonté de ma famille. C'est aussi une manière de montrer la schizophrénie de la société", explique-t-il. "La présence de l'oeuvre en soi est finalement plus importante que ce qu'il y a en-dessous", conclut l'artiste.

lire la suite sur huffspotmaroc

Ajouter un Commentaire

Les points de vues exprimés dans les commentaires reflètent ceux de leurs auteurs mais ne reflètent pas nécessairement le point de vue officiel de Yawatani.com qui, par conséquent, ne pourra en être tenu responsable.
De plus, Yawatani.com se réserve le droit de supprimer tout commentaire qu'il jurera non approprié.


Code de sécurité
Rafraîchir

Ecouter la radioNewsletter

Horaires des prières

Pays:
Ville:
Autres options
Année:
Mois:
Latitude:
Longitude:
Time Zone:
DST:
Méthode:
Format heure:

Afficher le mois