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- Publication : 11 janvier 2016
Saâdia Azegoun n’est plus à présenter.
Cette actrice dévoile, encore une fois, ses talents en interprétant brillamment le rôle de Chaïbia Talal dans le film de Youssef Britel «Chaïbia, la paysanne des arts». Avec ses gestuelles, sa voix et son accent, Saadia crève l’écran avec son talent et sa ressemblance avec l’icône de l’art naïf marocain. Saadia revient avec nous sur les moments forts du film projeté dans les salles du cinéma depuis quelques jours.
Les ÉCO: Qu’est-ce que cela vous fait d’interpréter le rôle de Chaïbia ?
-Votre ressemblance avec Chaïbia est flagrante dans le film. La préparation du rôle vous a pris combien de temps ?
Ce rôle a nécessité un an et demi de préparation. Durant cette période, j’ai tout fait pour découvrir les moindres détails de sa vie. Malheureusement, au Maroc on ne garde pas d’archives de nos icônes. Youssef Britel et moi avons fourni beaucoup d’efforts pour trouver ses photos, ses interviews et vidéos. Avec le temps, j’ai été obsédée par le personnage, j’ai eu l’impression d’avoir vécu sa vie, j’ai ressenti toute l’humiliation qu’elle a subie ainsi que la fierté qu’elle a éprouvée. Pour réussir le rôle, j’ai dû aussi prendre entre 15 et 20 kilos, ce qui n’était pas évident. J’étais tellement habitée par mon rôle que même en dehors du tournage, je parlais et je gesticulais comme elle. Le maquillage et le costume m’ont aussi permis de me glisser dans le personnage sans oublier l’aide précieuse de son fils Houcine.
-Justement, quelle a été sa réaction quand il vous a vu interpréter le rôle de sa maman ?
Ce moment restera à jamais gravé dans ma mémoire. C’était en plein tournage et Houcine a voulu me rencontrer. En portant mon costume, je lui ai parlé avec l’accent et la voix de sa défunte mère, sa réaction nous a juste scotchés. Il m’a prise dans ses bras en pleurant et m’a dit: «Tu as réussi à faire renaître ma mère de ses cendres». Son témoignage a été pour moi l’ultime reconnaissance. À ce moment-là, j’ai compris que j’ai réussi mon défi
-1h et 30 minutes suffisent-elles pour retracer la vie de l’icône de l’art naïf marocain ?
Non, cette durée n’est pas suffisante. La vie de Chaïbia Talal mérite d’être tournée en plusieurs épisodes. Comme vous l’avez dit, c’est une icône qui a représenté le Maroc dans plusieurs pays alors qu’elle était analphabète
-Quel est le message que vous avez voulu transmettre à travers ce film ?
Chaïbia est une école de vie. La Mahboula (folle) comme l’appelait sa famille, à cause de son esprit vagabond, a été mariée de force à l’âge de 13 ans. Elle est devenue mère à 14 et veuve à 15 ans. Cette jeune maman analphabète a travaillé comme femme de ménage pour nourrir et permettre à son fils unique de faire ses études. Grâce à sa persévérance, sa détermination et son courage, elle a réussi à voler de ses propres ailes malgré les moqueries, l’injustice, les humiliations. Le manque de reconnaissance n’a fait que renforcer sa personnalité. Pour cela, ce film est un message d’espoir pour les jeunes qui ont des talents. Ils doivent lutter, avoir beaucoup de patience et garder espoir. Ils ne doivent surtout pas baisser les bras s’ils veulent réaliser leur rêve.
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