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Le 6 avril dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a publié un rapport intitulé Finance islamique : opportunités, défis et options stratégiques. Le rapport (fichier téléchargeable ici) indique que, bien que des normes spécifiques aient été élaborées par des organismes de normalisation spécialisés, les cadres réglementaires et de surveillance dans de nombreuses juridictions ne répondent pas encore aux risques de l’industrie. 

En effet, la mise en œuvre d’une politique monétaire conforme à la charia est difficile en raison de la rareté des instruments de politique monétaire. La finance islamique représente aujourd’hui moins de 2 % du secteur financier mondial, avec plus de 1 800 milliards d’euros d’actifs, sa réserve de croissance est considérable : seuls 40 millions des 1,6 milliard de musulmans en sont clients.

Le Soudan, l'Iran, l'Arabie Saoudite, le Brunei et le Koweït font partie du top 5 des pays dont la finance islamique détient plus de 50 % de part de marché. (source : FMI)
 
D’autant que l’industrie permet de développer à terme des solutions plus compétitives et innovantes (microfinance, takaful, financement des PME et des projets d’infrastructure, etc.) qui pourront intéresser le plus grand nombre. 

Aujourd’hui, le FMI suggère aux institutions financières islamiques d’harmoniser leurs pratiques et cela en partie à cause des divergences existantes entre les écoles juridiques musulmanes dans l’interprétation des sources du droit musulman. Il est important de souligner ici que les divergences d’interprétation dans les textes restent minoritaires et que, dans l’ensemble, les solutions adoptées par l’industrie sont consensuelles. Une uniformisation totale pourrait freiner l’innovation dans l’industrie ce qui contribuerait à rendre le secteur moins dynamique.

La finance conventionnelle perdrait-elle son hégémonie ?
Le rapport indique cependant que la finance islamique peut promouvoir la stabilité sur le plan macro-économique et cela en raison du fait qu’elle interdit la spéculation et remplace le système du crédit à intérêts (ribâ) par une logique d’échange (ijara, istisna, salam) ou de partage des risques (musharaka, mudaraba) et qu’elle est en mesure de les combiner afin de garantir le financement de l’économie (sukuk, retakaful).
 
Le taux de croissance annuelle (en %) de la finance islamique de la période allant de 2009 à 2013 dépasse largement le taux de croissance de la finance conventionnelle. (source : FMI)
 
D’après le FMI, les actifs des institutions financières islamiques ont été multipliés par 9 entre 2003 et 2013 (40 % en Iran, 12 % en Arabie Saoudite et 10 % en Malaisie). Lorsque l’on constate le dynamisme de l’industrie, notamment en Afrique, on comprend mieux pour quelles raisons le FMI s’y intéresse : la finance islamique apporte des sources de financement alternatives qui remettent en cause son hégémonie. 

En effet, les pays africains sont lourdement endettés et les solutions offertes par la finance islamique permettent non seulement d’enrayer la spirale infernale de la dette et des intérêts mais surtout de contribuer au développement des pays africains. 

Contrairement aux années passées durant lesquelles la finance islamique connaissait un déploiement sans précédent sans pour autant intéresser les instances internationales, le FMI semble trouver là une source d'inspiration à tel point que le sujet fait désormais partie de l'agenda annuel des discussions des pays membres du G20. Une prochaine session est d'ailleurs organisée le 16 avril prochain à Washington. 

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Ezzedine Ghlamallah est directeur de SAAFI, premier cabinet de courtage en France spécialisé dans l’assurance vie islamique, et enseigne la finance islamique à l’université de droit de Cergy-Pontoise et le takaful à l’université de droit de Strasbourg.

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