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Déjà difficile, la situation économique des entreprises de Tanger pourrait s’empirer avec les nouvelles restrictions qui devraient être levées juste après l’Aïd Al Adha. Pour l’heure, l’on en est toujours à gérer la recrudescence des cas.

Le mécontentement au sein des salariés désireux de rejoindre leur famille afin d’y passer la fête du sacrifice ne s’est pas fait attendre. C’était prévisible, avance un opérateur dans la région. « Les gens auraient aimé regagner leur région, leur famille pour y passer l’Aïd Al Adha. Mais le risque de propager davantage le virus est réel. Et c’est une décision des autorités publiques ; on ne peut que supposer que c’était la bonne à prendre », renchérit celui-ci. Le principe voulant que « moins on bouge, moins il y a de contamination, et plus il y a de chance de maîtriser, ou du moins, circonscrire le virus », s’explique-t-il. Si la course folle des cas à Tanger inquiète dans l’opinion nationale, le regard qu’elle attire sur la ville n’est pas forcément vu d’un bon œil. Celui-ci, dans l’esprit des Tangérois, tendrait à les faire passer pour mauvais élèves, voire peu consciencieux, dans le respect des mesures de prévention mises en place par les autorités. Alors même que Tanger ne fait, certes pas mieux, mais certainement pas pire que les autres villes du pays. L’explication de l’accroissement des cas est donc ailleurs. Ce n’est que le résultat d’un effort particulier de la ville dans le dépistage. C’est ce qu’avance Adil Rais, Président de la CGEM régionale (Tanger-Tétouan-Al Hoceima). « Nous réalisons à Tanger un nombre impressionnant de dépistages. Le compte atteint quelque 4.000 dépistages par jour, soit 20% des dépistages effectués sur l’ensemble du territoire. Il faut noter qu’en quelques semaines, le nombre de dépistages a été multiplié par plus de 3, passant de 1.200 à 4.000. Et ceci a été possible uniquement avec la mobilisation de tous les acteurs économiques engagés dans cette lutte contre le virus », décline Adil Rais.

Et fatalement, lorsqu’on réalise plus de dépistages que les autres, il est normal donc de remonter plus de cas que les autres. « C’est mécanique », renchérit-il. Une remontée de cas inquiétante qui a fini par pousser les autorités officielles à prendre des mesures restrictives.

Pas une interdiction à proprement dit

Relayée abondamment dans les médias, l’interdiction de sortir de la ville émise par le Wali de la région a symbolisé la psychose que génère la propagation du virus dans la ville. Les mesures sont strictes : limitation des déplacements en dehors de la ville, suspension des autorisations de déplacement exceptionnelles après leur ralentissement depuis le cafouillage du 13 juillet. Dans la foulée, les entreprises ont été priées de ne pas délivrer des ordres de mission à leurs employés durant la période. Ces mesures, vécues comme une interdiction pure et simple, ne constituent pas en réalité une interdiction telle que présentée dans les médias selon le patron des patrons de la région. « Tanger est encore dans la zone 2. Et ce statut impose des exigences particulières et définies parmi lesquelles un contrôle des déplacements à travers deux dispositifs : déplacements professionnels qui font l’objet d’une autorisation ou d’un ordre de mission délivré par l’entreprise ; et une autorisation délivrée par les autorités compétentes pour tout autre cas (privé, santé, force majeur, etc.). Les autorités ont rappelé la nécessité de respecter les dispositions et la CGEM régionale a communiqué, auprès des entreprises, sur le fait de ne pas délivrer d’autorisation ou ordre de mission pour des raisons privées. C’est à l’autorité compétente de prendre en charge ce type de demande », explique Adil Rais. Pour l’instant, chaque entreprise fait tout son possible pour gérer au mieux cette situation de crise sanitaire. La reprise étant timide, avec une activité générale qui tourne au ralenti du fait d’une demande fortement en baisse, le renforcement des mesures de prévention n’est pas censé créer davantage de pertes.

Un impact économique incertain

« La crise en elle-même et depuis des mois a un effet sur la productivité des entreprises. Ces dernières tournent au ralenti et le niveau de travail est inférieur au niveau normal. Nous demandons que les mesures d’accompagnement soient prorogées afin d’éviter d’en arriver aux licenciements », avance Adil Rais. Pour le moment, et chez Renault Maroc, on explique que l’usine n’est pas impactée par cette décision de restreindre les déplacements hors de la ville. « La décision tombe à une période où l’usine est fermée pour les congés annuels. Ceux-ci débuteront dès ce week-end pour une durée de 2 semaines. Il n’y aura donc aucun impact particulier sur les activités de l’usine », explique-t-on auprès du Groupe.

De fait, l’entreprise n’aura pas besoin de mettre en place des mesures particulières pour accommoder les salariés contraints de rester dans la ville, étant donné que ces congés, annuels, sont programmés depuis le début de l’année. Quant à un éventuel renforcement des mesures sanitaires mises en place pour contrer l’expansion du virus, Renault Maroc avait déjà peaufiné un référentiel sanitaire, conçu en coordination avec le siège Groupe et les autorités. « Ce référentiel sanitaire a été partagé avec l’ensemble des partenaires de l’écosystème Renault au Maroc. La CGEM (Confédération Générale des Entreprises du Maroc) s’en était inspiré pour établir son guide des pratiques de sécurité sanitaire qu’elle a partagé à toutes les entreprises », rappelle Renault Maroc. Il faut rappeler que le Groupe avait recensé quelques cas de contamination à la Covid-19, rapidement pris en charge. Aujourd’hui, il n’y a plus de cas sur aucun des sites du Groupe. « La période d’arrêt des usines dans le Royaume, entre le 19 mars et la fin avril, a permis d’adapter l’organisation et de mettre en place le référentiel sanitaire du Groupe Renault conforme aux recommandations de l’Etat marocain et de l’Organisation Mondiale de la Santé », soulignait Renault Maroc dans un précédent communiqué. Ce dispositif impose la mise en place de nouveaux standards qui allient solutions sanitaires et technologiques, organisationnelles et comportementales, avec pour but de limiter au maximum les risques de contamination. Le Groupe avait ainsi doté ses deux usines (Tanger et SOMACA) de caméras thermiques à l’entrée des usines, de pistolets thermiques dans les transports et au sein de l’usine, de masques et de solution hydro alcoolique. Pour le président de la CGEM Tanger-Tétouan-Al  Hoceima, le mot d’ordre est dormais « maintenir, consolider et relancer ». Tout un programme pour ce deuxième semestre 2020.

Rapporté par L’Économiste, le Ministère de la Santé justifierait la montée récente des cas à Tanger par le décalage dans le développement de la pandémie dans la capitale du détroit. « Alors que d’autres villes ont déjà passé le cap du pic d’infections, ce n’est que depuis quelques jours que Tanger l’a atteint, d’où un effet direct sur le nombre de cas détectés ». En espérant que le pire soit derrière Tanger.

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