Yawatani

L'apparition de foyers d'infection en milieu professionnel compromet sérieusement la levée du confinement au Maroc. Le relâchement constaté ces derniers jours dans certaines unités industrielles pourrait saper deux mois d’efforts entrepris par le Maroc afin d’endiguer l’épidémie.

 

Le bilan du foyer d’infection repéré il y a une dizaine de jours dans les unités industrielles du groupe Malhou à Sidi Bernoussi ne cesse de s’alourdir. Selon nos informations, parmi les quelque 1.020 salariés que compte ce groupe spécialisé dans la fabrication de chaussures, toutes destinées à l’export, notamment pour la marque italienne Geox, pas moins de 450 cas positifs au Covid-19 ont été enregistrés, selon le dernier décompte arrêté ce mardi 12 mai.


Ce nombre représente environ un quart des cas recensés dans la région de Casablanca-Settat, voire la quasi-totalité des cas enregistrés à l’échelle de la Préfecture des arrondissements de Sidi Bernoussi Zenata (469 cas).

Quand on sait que le groupe Malhou a dû réduire à titre préventif jusqu’à 40% des effectifs, et ce, à partir du 15 avril, on se rend compte que 73% des employés mobilisés sur les trois sites de Sidi Bernoussi ont été contaminés par le nouveau coronavirus. Les hauts cadres de l’entreprise, y compris des membres de la famille Malhou, propriétaire du groupe, n’ont pas été épargnés.


«Ce bilan reste encore provisoire étant donné que les prélèvements opérés jusqu’ici ne couvrent pas l’ensemble du personnel», confie à Le360 une source médicale. Cela montre à quel point le virus peut avoir un effet dévastateur dans les milieux professionnels, malgré les effets d’annonces censés montrer un durcissement du contrôle des mesures préventives imposées par les autorités sanitaires (distanciation physique, contrôle de température, désinfection, masques, gel hydroalcoolique, etc.).

20 mai: serons-nous prêts?


Alors qu’approchent la date pivot du 20 mai et la phase de déconfinement progressif qui est «fin prête», le gouvernement, sous pression, se retrouve face à un exercice délicat. Celui de conjuguer activité économique et maîtrise de la propagation du virus. La crise du Covid-19 a mis au chômage 900 mille salariés déclarés à la CNSS et pas moins de 4,3 millions de ménages opérant dans le secteur informel. Le fonds spécial ne pourra pas financer les aides ad vitam aeternam. Le confinement commence à peser sur le moral et les finances de plusieurs catégories de la société marocaine, en particulier les couches les plus défavorisées. La reprise de l’activité est une urgence vitale.  L’enjeu va être de trouver l’équilibre entre l’économie et la santé. Et tant qu’il n'y a pas de vaccin, il va falloir apprendre à vivre et à cohabiter avec le virus.

Mais cette cohabitation avec le virus implique des règles strictes de prévention. Visiblement, ces règles n’ont pas été respectées. Et le nombre de contaminations enregistrées en milieu professionnel va très probablement prolonger le confinement et l’état d’urgence sanitaire au-delà du 20 mai 2020. «Pour comprendre la gravité de 450 infections dans une unité industrielle, il faut se représenter que ces 450 personnes habitent 450 adresses différentes, au milieu de 450 familles différentes», explique notre source. Et d’ajouter: «comme ces salariés se comptent majoritairement parmi les ouvriers, ils vivent souvent en compagnie d’une famille nombreuse dans des habitations exiguës».

Pour rappel, les contaminations au sein du groupe Mahlou ne sont pas les seules en milieu professionnel à Casablanca. Dans la société Emo Clinic, on dénombre 200 cas d’infection et dans Margafrique, plus de 100 salariés ont été testés positifs au Covid-19. Donc, plus de 750 contaminations à l’échelle de toute la région de Casablanca-Settat, qui comptabilise 1.780 cas confirmés, sont enregistrées dans seulement trois usines.


La levée du confinement, qui était quasiment acquise il y a 10 jours, est très sérieusement remise en question aujourd’hui. L’évolution de la situation épidémiologique ne permet pas encore d’envisager une levée du confinement le 20 mai. Le déconfinement dépendra du comportement de chacun des intervenants, citoyens, chefs d’entreprises et autorités publiques. Le respect des conditions sanitaires et des gestes barrières est plus qu’une simple affaire de conformité administrative. C’est une question consubstantielle à la levée du confinement.

L’Etat marocain fait passer la vie avant l’économie. Depuis le début, il a établi la primauté de la santé des Marocains sur l’économie. Visiblement, il ne démordra pas de ce choix, même si le prix à la fois économique et social sera extrêmement lourd. 

le360

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