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L’euro, la monnaie européenne, continue son envol. Il avait atteint au début de la présente semaine 1,3637 dollar, s’approchant donc de 1,4 US $. Son record historique avait été de 1,3666 $ le 30 décembre 2004. Photo illustrant l'Article Les ministres européens des finances, réunis le week end dernier, à Berlin ont axé leurs discussions sur ce sujet. Les avis et interprétations des participants ont été plus ou moins optimistes. En effet, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker a déclaré « qu’il n’y avait pas lieu d’être excessivement inquiet, l’euro ne s’étant pas apprécié d’une façon brutale, mais plutôt lente, sur la base d’une croissance européenne solide ». Tout en refusant donc de dramatiser la situation, les membres de l’Eurogroupe ont appelé à leurs responsabilités le japon et les Etats-Unis et mis en garde les spéculateurs.

Dans ce contexte, M. Jean-Claude Trichet, Président de la BCE, a jugé que « la volatilité excessive et les mouvements désordonnés des taux de change sont indésirables pour l’économie mondiale ». Il a appelé le Japon à acheter les devises asiatiques et à mettre le taux de change du yen en rapport avec la reprise de l’économie japonaise, le premier devant refléter les fondamentaux de la seconde. Sachant que la fermeté de l’euro par rapport au yen s’explique essentiellement par la différence de taux d’intérêt entre les deux pays, cela pousse les investisseurs à rechercher un meilleur rendement à l’étranger. M. Trichet a également relevé que les autorités américaines ont affirmé qu’un dollar fort était dans l’intérêt de l’économie américaine et elles devraient, de ce fait, soutenir le billet vert.

Ces arguments et décla rations pourraient donner à penser que la tendance actuelle du renforcement de l’euro pourrait s’inverser. Mais les analystes ne sont pas aussi optimistes, ils affirment que l’appréciation de la monnaie européenne par rapport au dollar risque de se conforter dans les prochains mois dans le sillage du ralentissement de l’économie américaine.

En effet, le coup de frein imprimé à la première économie mondiale pourrait entraîner une baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale, affaiblir le dollar et profiter à l’Euro. Et ce, d’autant que la BCE continue, quant à elle, à augmenter son taux directeur, (à 3,75 aujourd’hui, mais anticipé par les marchés à 4%), du fait d’une croissance économique européenne qui s’affirme.

La politique de durcissement monétaire dans la zone Euro se justifiant aussi par la persistance des risques inflationnistes. L’euro pourrait donc facilement atteindre 1,4 dollar dans les prochains mois, niveau jamais atteint depuis sa création en 1999.
Les éléments explicatifs de cette ferme appréciation sont multiples. En effet, selon les dernières prévisions du Fonds Monétaire International, la croissance de l’économie européenne sera supérieure en 2007 à celle des Etats-Unis, soit 2,3% contre 2,2%, contrairement à 2006 où celles-ci avaient été respectivement de 2,6% et 3,3%.

Le FMI explique ces chiffres par des équilibres financiers meilleurs en Europe qu’aux EU, comme la balance courante de la Zone, mais aussi les finances publiques, le taux d’épargne et le retour de la croissance de la consommation. Tout cela, sans compter les arguments qui militent pour un dollar faible comme la crise persistante de l’immobilier aux Etats-Unis, ou encore les données de la géopolitique mondiale, (Irak, Proche-orient, Iran). De plus, la faiblesse du dollar est d’autant plus ancrée qu’elle se reflète au niveau des taux de change d’autres devises comme la livre sterling qui a atteint 2 dollars pour la première fois depuis 26 ans. Pour tous ces éléments, l’euro séduit de plus en plus les banques centrales internationales, en particulier asiatiques et la russe.

En 1999 la part de l’euro dans les réserves était de 18,1% contre 71,1% pour le dollar et à la fin de 2006, la place de l’euro est passée à 25,8% contre 64,7% pour la monnaie américaine. Cette simple réallocation a incontestablement favorisé une progression de l’euro. La fermeté de l’euro est loin d’être terminée, elle suivra le rythme du ralentissement de l’économie américaine et la reprise de l’européenne.Photo illustrant l'Article Pour l’économie marocaine, un euro fort est un élément très favorable. En effet, dans un encadrement de contrôle des changes, le dirham s’appuie sur un panier de devises dont la composition est de 80% pour l’euro et 20% pour le dollar. En conséquence, la sensibilité du dirham dépend essentiellement de l’euro. Quand l’euro s’apprécie de 10% vis à vis du dollar, il ne s’apprécie que de 2% vis à vis du dirham et inversement pour le même rapport avec l’euro, le dollar se déprécie de 8% contre la monnaie nationale. De ce fait, le coût de nos exportations baisse et celles-ci deviennent plus compétitives vers les pays européens à tel point qu’aujourd’hui, on ne parle plus de la nécessité d’une dévaluation du dirham pour rendre l’économie marocaine plus compétitive par rapport à l’Europe.

Mais, ce qui est encore plus positif, c’est que nos importations aussi nous coûtent moins cher dans le cas d’espèces où l’euro se renforce par rapport au dollar. Ce double avantage pour notre économie provient du fait que nos importations sont majoritairement libellées en dollars américains. Notre balance commerciale et celle des paiements en bénéficient donc incontestablement. Un raffermissement structurel de l’euro ne pourra donc que servir notre économie à l’export.

La Nouvelle Tribune - Afifa Dassouli

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