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Le PIB en 2016 devrait connaître son plus faible niveau depuis la fin des années 90. Toujours dépendant de l'agriculture et soumis aux aléas climatiques, le Maroc peine encore à trouver les sillons de la croissance. 

Faut-il craindre le pire pour l’économie nationale en 2016 ? En tout cas, les prévisions annoncées mardi 22 mars par la Banque centrale ont de quoi inquiéter. Beaucoup même !

S'agissant des prévisions de croissance, le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a pourtant pris soin d’adopter un ton neutre, contrairement au passé quand il n’hésitait pas à s’alarmer lorsque la situation n’allait pas, ce qui n'était pas du goût de nombre de politiques.

Sans doute, Abdellatif Jouahri savait qu’en prononçant le chiffre de "1% de croissance" comme prévision de croissance pour cette année, il allait provoquer stupeur et inquiétudes dans les milieux concernés. Il y a lieu de rappeler que le Maroc n’a pas connu un aussi faible taux de croissance depuis une vingtaine d’années.

Des milliards dépensés pour que l'industrie émerge

De nombreux "plans" ont été annoncés depuis cette époque-là pour réduire la dépendance de la croissance aux seules performances du secteur agricole. "Plan Emergence", puis "Emergence II" et, tout récemment, le "Plan d’accélération industriel"… Tous ces plans ont vu les gouvernements successifs mobiliser des milliards de dirhams pour dynamiser le secteur industriel et en faire le véritable moteur de la croissance.

Des années plus tard, force est de constater que la configuration de l’économie nationale n’a pas vraiment changé : tant qu’il y a de la pluie, l’économie se développe. A défaut, le ralentissement atteint des niveaux critiques.

Une nouvelle fois en 2016, la croissance du PIB national sera donc lourdement impactée par la mauvaise campagne agricole qui s’annonce. Avec une récolte céréalière prévisionnelle d’à peine 38 millions de quintaux et un secteur industriel qui peine à prendre la relève (seulement 2,8% de croissance pour le PIB non agricole comprenant également les performance du secteur tertiaire !), l’économie nationale devra se contenter du minimum de croissance, et cela n’est pas sans conséquences.

Vers une importante hausse du chômage

La première répercussion qui devrait être perceptible est liée au marché du travail. Selon des études de cabinets internationaux, 200.000 à 250.000 nouveaux demandeurs d’emploi arrivent sur le marché du travail chaque année. Les études ont démontré que, pour absorber ce flux, le Maroc a besoin d’une croissance d’au moins 7% par an.

En d’autres termes, avec 1% de croissance prévue pour 2016, il faut s’attendre à une nette augmentation du taux de chômage.

De même, le faible niveau de croissance risque d’avoir des impacts directs sur la demande intérieure qui, pour rappel, a été un véritable stimulateur de l’économie ces dernières années. Ceci devrait donc plonger le Maroc dans un cercle vicieux. Du moins, jusqu’à ce que le secteur agricole redémarre. Le pire n'est jamais sûre, mais qu'en sera-t-il pour 2017 ?

Il est important de noter qu’avec les prévisions annoncées hier, mardi, il est désormais certain que le gouvernement Benkirane ne pourra pas réaliser l’une des grandes promesses de sa campagne électorale de 2011. A l’époque, Benkirane et son équipe promettaient un niveau de croissance d’au moins 6%.

Après les critiques ayant suivi les résultats de l’économie nationale pour la première année de leur mandat, les membres du gouvernement se sont empressés d’expliquer que les 6% étaient, en fait, un objectif à atteindre avant l'achèvement de son mandat. Aujourd’hui, celui-ci arrive à son terme et les 6% de croissance promis aux Marocains apparaissent comme une simple promesse électorale. Une chimère.

Par Younès Tantaoui
Yawatani.com

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