Yawatani

Elle fait peu parler d’elle, se considère avant tout comme une épouse et une mère. Mais la princesse est aujourd’hui bien plus qu’une First Lady. Soutenue par le souverain, qui lui a donné un rôle public, elle donne vie aux rêves de modernité des Marocaines. Sa vie de tous les jours?

Un mystère. L’hebdomadaire Al Jarida Al Oukhra croit savoir que l’épouse du roi Mohammed VI aime le sport, le tajine aux carottes (ce serait son plat préféré), conduire sa voiture elle-même, se lever tard et marcher pieds nus. A l’heure des repas, il lui arriverait parfois de partager la même table que ses domestiques. La légende veut aussi qu’au septième mois de chacune de ses deux grossesses, elle ait été conduite dans un lieu idyllique afin que sa sérénité soit parfaite et que son bébé soit beau. Autant de détails étonnants qui passionnent les Marocaines. Et qui les embarrassent à la fois. «Il y a beaucoup de pudeur, dans ce pays, témoigne le rédacteur en chef d’un journal national. Le côté people ne passe pas auprès du public, il gêne les gens..» Les sujets du souverain chérifien se satisfont de quelques informations glanées çà et là dans la presse. Avant même son mariage avec Mohammed VI, en mars 2002, raconte ainsi le magazine Tel Quel, Lalla Salma se serait, à la demande du monarque lui-même, rendue dans des bidonvilles aux côtés d’acteurs associatifs afin d’y rencontrer les pauvres d’entre les pauvres. Elle aurait suivi une formation spécifique à l’étiquette, en Allemagne, après la naissance de l’héritier du trône Moulay Hassan, en mai 2003, et emmènerait toujours régulièrement ses enfants rendre visite à sa grand-mère, dans une maison toute simple de Rabat. Les Marocains ont surtout appris à se méfier des rumeurs. Fille d’un enseignant de Fès, la jeune femme aurait eu, dit-on, à batailler pour gagner sa place dans les cercles royaux, soupçonnés, un temps, de méfiance à son égard. On raconte qu’elle aurait, un jour, exigé du palace de Bangkok dans lequel elle était descendue un personnel cent pour cent féminin, que dans l’entourage immédiat du roi, son statut d’altesse royale aurait fait grincer bien des dents. Récemment, le bruit s’est également répandu que Mohammed VI, quarante-cinq ans, songeait à prendre une seconde épouse. «Absurde», commentent les experts. Crédité de convictions féministes, loué dans tout le royaume pour avoir aboli le harem royal et réformé le Code de la famille en supprimant toutes sortes de discriminations infligées aux Marocaines, le souverain a choisi de donner l’exemple en optant pour une vie de couple moderne et en donnant pour la première fois à «la mère des princes» un rôle et une existence publics. «Lalla Salma est perçue par ses compatriotes comme une femme normale, issue d’un milieu simple qui aurait pu être le leur, note un spécialiste de la monarchie. Elle est vue comme l’ambassadrice du peuple au palais. Sa réussite est un modèle pour les Marocaines, car elle leur prouve que tout est possible, elle leur montre qu’il faut y croire.» Bosseuse (ancienne ingénieur, elle est diplômée de l’Ecole nationale supérieure d’informatique et d’analyses de systèmes, dont elle est sortie major de promotion), indépendante (elle aurait notamment passé dix jours en solo à Paris, en mai dernier), et investie de la confiance du roi, qu’elle représente régulièrement dans les grands événements internationaux, elle partage avant tout les préoccupations sociales de Mohammed VI. Créée en 2005, l’Association Lalla Salma de lutte contre le cancer a lancé des campagnes antitabac, ouvre des centres d’oncologie ultramodernes (dont certains réservés aux femmes) et des Maisons de vie un peu partout dans le pays. La princesse a l’œil sur tout, organise le travail des équipes, insiste pour recevoir des rapports quotidiens. Des témoignages rapportés par Tel Quel lui prêtent beaucoup d’empathie, d’humanité et de simplicité. Et du caractère. Loin d’attendre de leur première dame qu’elle s’inspire d’un modèle à l’occidentale, les sujets chérifiens applaudissent le style tout en subtilité et en compromis de Lady Salma, une princesse de trente et un ans, fan de mode – Valentino, Chanel, Scherrer et Dior –, affranchie des lourdeurs du protocole, des chignons traditionnels et des ourlets sous le genou, mais qui porte aussi le caftan traditionnel des princesses (1,90 mètre) comme personne. Une vraie personnalité, fermement ancrée dans son époque, capable d’appeler à combattre l’ignorance, le fanatisme et le terrorisme à la tribune de l’Unesco et de qualifier ouvertement l’émancipation des femmes arabes de «socle sur lequel repose l’édification d’une société démocratique», tout en donnant la priorité à ses rôles d’épouse et de mère. Sa hantise: être comparée à Rania de Jordanie, dont la notoriété planétaire a tendance à éclipser celle du roi Abdallah. La princesse (il n’y a jamais eu de reine au Maroc) se veut en effet, d’abord, femme du roi. Dans sa résidence de Dar Essalam, à Rabat, le couple protège jalousement sa vie de famille. Le monarque serait, dit-on encore, très soucieux de l’image de son épouse, dont il choisirait parfois lui-même les tenues avant ses apparitions officielles. La révolution Lalla Salma est douce, mais sûre. Elle encouragerait ainsi Mohammed VI à montrer au monde quel père il est pour leurs deux enfants, Moulay Hassan, six ans, et sa cadette Lalla Khadija, deux ans. Il y a peu, le souverain a été aperçu en train d’acheter une glace à son fils, dans une rue de Rabat. Une image impensable. Avant.

 

 

Coraline Lussac

Gala.fr

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