Yawatani

"Je suis fière, en tant que Marocaine et en tant que femme", dit la sportive, avec une fierté non dissimulée. Son exploit, abondamment relayé par les médias marocains, lui a notamment valu les félicitations ardentes de l'organisation ONU Femmes Maghreb : "du haut du sommet Vinson", Bouchra Baibanou "continue à soutenir la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles", a commenté un tweet officiel au lendemain de sa victoire.

 

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"Femme libre"

Pour autant, cette musulmane pieuse qui porte le foulard récuse le terme de "féministe" et préfère se "définir comme une femme libre", à rebours des stéréotypes qui prévalent dans son pays, très imprégné des valeurs traditionnelles sur le rôle des femmes.

Ses trophées ornent les meubles de son salon, à Salé, ville populaire située en face de la capitale Rabat. "Sept sommets en huit ans, de 2011 à fin 2018, un total de 43.000 m de dénivelés avec un budget de deux millions de dirhams" (environ 180.000 euros), énumère-t-elle. Lors de ses excursions, son époux Lahoucine, fonctionnaire comme elle, s'occupe de leur fille de 14 ans, un partage de rôles qu'elle aime mettre en avant.

"J'espère être un modèle, surtout pour les jeunes filles : pour qu'elles osent elles aussi croire en elles", dit celle qui s'est engagée dans la vie associative et siège dans différentes instances officielles.

L'an dernier, Bouchra Baibanou a emmené une trentaine d'adolescentes issues de milieux ruraux au sommet du Mont Toubkal, le plus haut du Maroc (4.167 m). "On voit la différence: avant elles hésitent, après elles sont fières", dit celle qui fait régulièrement des conférences dans les écoles et les universités de son pays.

"J'ai parcouru le monde et gravi plusieurs sommets, j'ai appris beaucoup de choses que je veux partager", souligne-t-elle. Au Maroc, "il y a beaucoup de discrimination, beaucoup de filles ne continuent pas leurs études mais, si on leur en donne le pouvoir, elles vont se réaliser".

Pour elle, rien de mieux qu'un sport extrême réputé masculinpour "surmonter ses peurs" et apprendre à "ne pas renoncer au premier obstacle". "La montagne est une grande école", la conquête des sommets demande "courage, optimisme, persévérance, détermination et humilité", dit-elle.

"Aventurière alpiniste"

Cette citadine issue d'une famille modeste a elle-même découvert la montagne à 15 ans, en colonie de vacances. Son père, mécanicien, et sa mère, femme au foyer, n'étaient pas spécialement amateurs de nature ni de sport.

Après des années de randonnées, elle gravit à 26 ans son premier sommet, le Toubkal, expérience grisante qui la pousse à se former à l'alpinisme dans la vallée de Chamonix, pour conquérir le Mont Blanc. Même si, selon elle, "ce n'est pas très valorisant d'être une aventurière alpiniste au Maroc", ses efforts lui permettent de trouver des sponsors pour ses expéditions - quelque 60.000 euros pour le Mont Vinson, 80.000 euros pour l'Everest.

Forte de son expérience, l'alpiniste milite pour que le tourisme de montagne se structure au Maroc, notamment dans le parc national du Toubkal, le plus connu à l'international, afin d'améliorer la propreté et "renforcer la sécurité".

Le meurtre de deux jeunes randonneuses scandinaves, en décembre dernier, par un groupe de jeunes Marocains radicalisés l'a révoltée : "cet acte terroriste ne représente pas mon pays de paix et de tolérance", affirme-t-elle.

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