Yawatani

Figures du milieu associatif au Maroc, elles sont engagées dans diverses causes et luttent depuis des années pour les droits de l'Homme, l'amélioration de la situation de la femme, les libertés individuelles ou encore contre la pédophilie.

A travers leurs associations ou leurs mouvements, elles sont les porte-voix des droits humains au Maroc. Sélection (forcément subjective) de sept femmes marocaines qui ont réussi à faire avancer le travail associatif dans le royaume.

 

  • Aicha Ech-Chenna, 30 ans de solidarité féminine
Aicha Ech-Chenna/Facebook
 
Elle est l'une des figures les plus emblématiques du monde associatif au Maroc. Aicha Ech-Chenna, 75 ans, se bat sans relâche depuis trois décennies pour venir en aide aux mères célibataires à travers son association "Solidarité féminine". L'objectif? Leur permettre de se prendre en charge afin de prévenir l'abandon des enfants. La militante marocaine a baigné depuis son plus jeune âge dans le milieu associatif et s'est engagée dans plusieurs associations marocaines, comme l'Association marocaine de planification familiale, L'Association d'aide aux lépreux et tuberculeux ou encore la Ligue de protection de l'enfance. A travers son engagement, elle découvrira la dureté de la situation des enfants nés hors-mariage, ainsi que la détresse de ses mères célibataires sans ressources, rejetées par une société qui les condamne. Révoltée et touchée, Aicha Ech-Chenna créé l'association Solidarité féminine en 1985 et accueille à bras ouvert près de 2000 mères célibataires et leurs enfants. Elle aide ces femmes à se faire une place dans le milieu professionnel, grâce à des formations dans divers métiers comme la couture, la coiffure ou encore la restauration. Son combat lui a valu plusieurs distinctions dont l'Opus Prize aux Etats-Unis, le Prix Donna dell'anno en Italie et la Légion d'honneur de la République française (grade de chevalier). "J'ai reçu plusieurs prix, mais pour moi, le meilleur prix est celui d'un enfant qui reste avec sa maman", a-t-elle confié au HuffPost Maroc en mars 2016. Celle qui est considérée, aujourd'hui, comme un véritable modèle de militantisme au Maroc, peut être fière d'avoir été officiellement consultée en 2015 lors de l'élaboration du projet de loi sur la légalisation l'avortement sous certaines conditions.

 

  • Najat Anwar, touche pas à mon enfant
Najat Anwar/Facebook

 

Quand il s'agit de combattre la pédophilie au Maroc, Najat Anwar n'a pas peur de se mouiller. Najat Anwar a créé l'association "Touche pas à mon enfant", en 2004, pour lever le voile sur les agressions sexuelles commises sur les enfants. Cette native de Sidi Kacem décroche en 1990 sa licence en droit islamique et travaille ensuite dans le commerce. Révoltée par la peine légère à laquelle a été condamné un gardien de crèche coupable de pédophilie en 2003, elle utilise son association pour sensibiliser la communauté marocaine sur la gravité de la pédophilie au Maroc. Depuis, la militante s'est fixée comme objectif de protéger les enfants victimes d'abus sexuels en encourageant leur familles à réagir et à poursuivre les criminels en justice. Elle avait d'ailleurs réussi à se faire entendre en 2004 lors du procès de Abdelali El Hadi, jugé pour avoir abusé sexuellement de neuf enfants avant de les tuer. Elle a apporté son soutien aux familles des victimes tout au long de cette terrible période. Le tribunal avait tranché en faveur de ces derniers en jugeant le pédophile à la peine capitale. Celle qui a été la première personnalité marocaine a dénoncer haut et fort la pédophilie et le tourisme sexuel au Maroc a également réussi à motiver des avocats et des personnages publics à adhérer à sa cause. Et ces derniers n'ont pas hésité à la rejoindre dans son combat, à l'instar de l'acteur Abdelkader Moutaâ et l'ancien joueur marocain de football Salaheddine Bassir. 
  • Najat Ikhich, sa fondation, son histoire
    Najat Ikhich/Facebook

Najat Ikhich se bat depuis 2004 contre les violences faites aux femmes à travers sa Fondation Ytto, où elle mène des programmes de sensibilisation sur ce fléau et agit pour l'insertion économique des femmes. Najat Ikhich s'est également donné comme objectif d'éradiquer le mariage des filles mineures, et n'hésite pas à le définir comme un viol. Ce combat, c'est aussi le sien, vu qu'elle avait échappé à un mariage forcé avec son cousin quand elle n'était qu'adolescente. "Les mariages de mineures enregistrés dans les tribunaux se font de manière forcée et en détournant la loi" martèle-t-elle. Pour y remédier, elle sillonne alors les routes du Maroc en direction des régions les plus pauvre au pays où le mariage des mineures est fréquent et les filles déjà mères à l'âge de 15 ans. Alors que les communautés rurales sont réticentes à discuter de ce genre de changements, Najat Ikhich ne se laisse pas pour autant abattre et opte pour une approche différente: elle lance en 2008 la "Caravane sociale", où elle tente l'aventure d'emmener médecins, reporters, travailleurs sociaux et avocats dans les zones rurales. Alors que le personnel médical s'occupe des bilans de santé, l'équipe juridique tente d'initier les habitants au droit de la famille. Dans les tentes de consultation, les assistantes sociales invitent les femmes et les filles à partager leur histoire et à engager un dialogue autour de l'autonomisation des femmes et le mariage des enfants. En 2014, ce sont près de 11 villages du Haut-Atlas qui ont été visités par les bénévoles d'Ytto, soit près de 734 familles et 15.000 femmes selon l'Economiste. La fondation Ytto, c'est aussi une revanche pour Najat Ikhich qui, avec sa détermination, continue d'éveiller les consciences et contribue activement à briser le cycle de mariage précoce et à rompre l'isolement de beaucoup de communautés oubliées du Maroc.

  • Betty Lachgar, l'anti-conformiste

 Betty Lachgar/Facebook

 
Elle n'est pas du genre à se plier au conformisme, et se bat depuis quelques années pour les libertés de chacune et de chacun. Ibtissame Laghgar plus connue sous le nom de Betty Lachgar, est la co-fondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI). Agée aujourd'hui de 40 ans, cette native de Rabat a grandi dans une famille de militants. Après avoir obtenu son baccalauréat au lycée Descartes de Rabat, elle décide de poursuivre des études en psychologie, criminologie et victimologie à Paris. C'est en assistant à une Gay Pride en 1994, et en participant à plusieurs manifestations durant ses années d'études en France qu'elle décide, en 2009, de créer avec la journaliste Zineb El Rhazoui le mouvement MALI, pour défendre les libertés individuelles. Elle fera alors de tout son possible pour que les Marocains et les Marocaines puissent vivre librement leurs choix individuels, et s'opposer aux lois jugées liberticides. Betty Lachgar avait défrayé la chronique pendant le ramadan, en 2009, en organisant un déjeuner dans une place publique. Audacieuse et engagée, la militante marocaine n'a pas peur d'exposer ses idées et ses points de vues, et l'a prouvé en janvier 2012, lorsqu'elle a participé aux côtés des "Femen" (en restant tout de même habillée) à un happening à Paris, où elle avait exposé une partie de son ventre où était inscrit, en lettres roses, le mot "Freedom". 

 

  • Latefa Ibn Ziaten, mon fils, ma bataille
FemmesduMaroc
 

Son combat est celui d'une mère qui a perdu son fils, injustement assassiné le 11 mars 2012 par Mohamed Merah. Imad Ben Ziaten, soldat français, a en effet été la première victime du terroriste. Latefa Ibn Zaiten ne se laisse pas abattre et crée, un mois après le décès de son fils, l'association "Imad Ibn Ziaten" qui est parrainée par l'humoriste marocain Jamel Debbouze. En hommage à son fils, son association oeuvre pour la jeunesse et la paix auprès des enfants, adolescents et jeunes adultes issus de milieux défavorisés. Elle va alors au contact de la jeunesse isolée, des parents désoeuvrés et se rend dans les établissement scolaires pour sensibiliser les étudiants au dialogue interreligieux. "Quand les jeunes sont perdus et livrés à eux-mêmes, ils vont chercher comment combler ce vide. S'il le remplissent avec la religion, en soi, ce n'est pas méchant. La religion peut apaiser et aider à montrer le bon chemin. En revanche, les sectes religieuses sont très dangereuses on a besoin de protéger cette jeunesse, c'est la lumière de demain", a-t-elle confié au site d'informations La dépêche.fr en mars 2016. Son travail a porté ses fruits: en novembre 2015, elle a remporté le Prix pour la prévention des conflits de la fondation Chirac, en présence du président français François Hollande. En mars 2016, le secrétaire d'Etat américain John Kerry lui remet de prix "des femmes courageuses" ("Woman of Courage Award") à Washington, en saluant "sa détermination et son courage". 

  •  Hakima Himmich, la courageuse médecin
coalitionplus.org
 
Hakima Himmich lutte depuis près de 30 ans aux côtés des personnes séropositives. En 1988, elle fonde la toute première association de lutte conte le Sida au Maroc (ALCS), et milite depuis pour l'accès aux traitements et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH. Après avoir fait ses études en médecine à Paris, elle rentre au Maroc et devient enseignante à la faculté de médecine de Casablanca, et crée le service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd. Durant cette période, elle diagnostique le premier cas de Sida dans une clinique à Casablanca. Un cas qui l'a poussé a créer son association de lutte contre le SIDA. C'est un combat difficile qu'elle entame sur un sujet jusque là tabou au Maroc, avec une campagne de sensibilisation à travers la télévision, des affiches et des rencontres dans écoles et universités. Grâce à sa détermination, le Maroc progresse dans la recherche de lutte contre cette maladie. Elle continue néanmoins de militer pour un meilleur accès aux traitements, et plaide la cause auprès d'associations internationales. Elle mène également l'opération "Sidaction", destinée à la collecte de fonds pour les recherches sur le Sida. Hakima Himmich est aujourd'hui une figure incontournable du militantisme au Maroc.

 

  • Amina Bouayach, femme au pouvoir
 
Amina Bouayach/Facebook
 
Amina Bouayach est une femme accomplie. Elue en 2006 à la tête de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH), elle devient, en 2007, vice-présidente de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH). Active dans la défense des droits de l'Homme, l'égalité des genres et la démocratie, cette native de Tétouan obtient son bac en économie à l'université Mohammed V à Rabat. Elle commence comme chargée de la communication pour l'ancien Premier ministre marocain Abderrahman El Youssoufi. Petit à petit, elle commence à s'intéresser aux droits de l'Homme et défend les détenus politiques. Elle s'intéresse notamment à la peine de mort et publie en 1994 un rapport de l'OMDH incluant la peine de mort comme violation des droits de l'Homme au Maroc. Sa position confirmée, elle est invitée, en 2010, à participer au quatrième Congrès mondial contre la peine de mort à Genève, et réaffirme une fois de plus son action en faveur de l'abolition de la peine capitale au Maroc. En tant que présidente de l'OMDH, elle travaille également en faveur du sort des réfugiés. En décembre 2014, Amina Bouayach a été décorée par l'ambassadeur de France Charles Fries de l'insigne de "Chevalier de l'ordre national de la légion d'honneur" de la République française, en récompense de son parcours et ses actions en faveur de la promotion des droits humains.

 

Yawatani.com et huffspot.

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