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Les Européens ont perdu confiance en eux-mêmes et le pape du « bout du monde » voudrait les aider à se ressaisir. François, le premier chef de l’Eglise catholique non européen depuis douze siècles, devait s’adresser,

mardi 25 novembre, aux représentants politiques du Vieux Continent et, à travers eux, « à l’Europe entière, avec tous ses peuples », selon la formule du Père Federico Lombardi, le porte-parole du Vatican.

« L’Europe s’est lassée. Elle ne sait pas quoi faire. L’Europe est fatiguée. Nous devons l’aider à rajeunir, à retrouver ses racines », avait annoncé le pape le 15 juin, devant la communauté de Sant’Egidio. Les responsables européens, accablés par la montée de l’europhobie, des populismes et du chômage, ne dédaignent pas l’intention, au contraire. Le pape est « un point de référence, pas seulement pour les catholiques (…), un élément d’orientation dans une époque où beaucoup sont désorientés », a affirmé Martin Schulz, le président (social-démocrate) du Parlement européen, sur Radio Vatican.

Ce déplacement à l’étranger a beau être le plus court de l’histoire vaticane – le pontife romain ne demeurera dans la capitale alsacienne que trois heures cinquante, le temps d’un discours au Parlement européen et d’un second au Conseil de l’Europe –, il n’en revêt pas moins une importance particulière. L’Eglise catholique considère être intimement mêlée à la construction européenne. Par la culturepolitique et spirituelle d’une majorité de ses fondateurs, elle était présente à sa naissance. Par la figure de Jean Paul II, elle n’a pas été absente de la réunification du continent. Le pape polonais s’était d’ailleurs lui aussi adressé aux représentants des institutions européennes. C’était le 8 octobre 1988. Le Conseil de l’Europe ne comptait alors que 21 Etats membres (contre 47 aujourd’hui), la Communauté européenne 12 (contre 28), et les deux Allemagnes étaient encore séparées par le mur de Berlin et le rideau de fer.

Petit-fils de migrant italien

L’Argentin Jorge Mario Bergoglio n’a pas été personnellement marqué, comme ses deux prédécesseurs, Jean Paul II et Benoît XVI, par les tragédies continentales du XXsiècle – le totalitarisme, la guerre, la division. Pourtant, si l’on excepte sa visite en Albanie, en septembre, qui avait comme principal thème les relations interreligieuses, ce premier voyage européen consacré aux représentants du continent est un symbole.

« Avant de visiter les différents pays », le pape « signifie que l’Europe est un ensemble », a fait valoir le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et président de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (Comece), dans un entretien à l’agence de presse catholique SIR. Un ensemble dans lequel, cent ans après le début du premier conflit mondial, la guerre est aujourd’hui présente en Ukraine.

Depuis son élection le 13 mars 2013, François s’est à plusieurs reprises adressé aux Européens. L’un de ses premiers déplacements, sur l’île italienne de Lampedusa en juillet 2013, après une nouvelle tragédie maritime de l’immigration, souligne combien celle-ci est un sujet central pour ce petit-fils de migrant italien. Il avait alors dénoncé « la mondialisation de l’indifférence », qui « habitue à la souffrance de l’autre ». Lundi 17 novembre, après des tensions raciales dans un quartier de Rome, le pape a invité « les institutions à tous les niveaux à faire une priorité de ce qui constitue désormais une urgence » en Europe.

Avec l’immigration, la question sociale est l’autre urgence européenne pour le pape. François ne cesse de dénoncer la « culture du déchet », qui conduirait nos sociétés à écarter les plus faibles, ceux qui ne sont pas directement productifs. « On met les enfants au rebut, a-t-il lancé devant la communauté de Sant’Egidio. (…) Et on met au rebut les personnes âgées, à travers des attitudes derrière lesquelles se cache une euthanasie masquée. Et aujourd’hui, la crise est si grave que l’on met les jeunes au rebut », a-t-il ajouté en évoquant le chômage des jeunes.

« Valeurs des pères fondateurs »

Sur ce chapitre social, une partie de la gauche européenne semble tentée d’« enrôler » le pape dans son combat en faveur d’une Europe plus solidaire. Martin Schulz et le secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, ont eu à ce sujet des formules très voisines ces derniers jours. « Voulons-nous une Europe qui soit seulement un marché unique ? Ou voulons-nous une Europe qui fasse revivre les valeurs de solidarité, de tolérance, de respect de la personne et d’égalité, qui ont inspiré les pères fondateurs ? », a demandé le président du Parlement européen dans une tribune à L’Osservatore romano, dimanche.

« La solidarité est l’objectif même de l’existence de l’Europe. (…) L’Europe est née pour ça, pour assurer la paix et une attention particulière aux catégories les plus désavantagées », a affirmé, vendredi, le secrétaire d’Etat sur Radio Vatican, avant de demander aux catholiques d’être « convaincus de la validité de ce projet ».

En posant la question des valeurs de l’Europe, le pape ne passera sans doute pas sous silence les messages centraux de l’Eglise sur les sujets d’éthique et de société comme l’euthanasie, l’avortement, la famille. Les convergences risquent là d’être plus difficiles à trouver avec une partie des représentants européens.

Afp et Ya Watani.com


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