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   Le chef du Gouvernement du Maroc vient d’approuver la fusion entre  Holcim Maroc et Lafarge Maroc sans contreparties en termes de positions concurrencielles. La part de marché des deux groupes cimentiers réunis dépassera 65%. Leurs compétiteurs dans le royaume, Ciments du Maroc et Ciments de l'Atlas Sefrioui, risquent d'être marginalisés.

 

 Bonne nouvelle pour Lafarge et Holcim et un peu moins pour leurs concurrents. A rebours de la quasi-totalité des pays du monde concernés, au Maroc les autorités de la concurrence ne mettront pas leur nez dans la fusion entre Lafarge et Holcim. Il ne devrait pas y avoir

de cessions de sites ou d'activités.

C’est ce qu’a décidé le chef du Gouvernement Abdelilah Benkirane en validant, sans enquête antitrust, le projet de fusion entre le deux groupes dans le royaume mercredi 15 octobre, selon la presse marocaine. Ses seules exigences auraient été des engagements en terme d'emplois et d'investissements.

Réunis, les deux mastodontes européens vont pourtant monopoliser de 60 à 70% du marché du ciment. Le 7 juillet dans la publication au plan mondial des listes de cession proposées (3,5 milliards d'euros surtout en Europe) Lafarge et Holcim n'avaient pas mentionné le Maroc.

Le droit marocain prévoit expressément le recours aux analyses du Conseil de la concurrence en cas de suspicion de positions dominante, une situation renforcée par une loi (20.13) adoptée le 30 juin dernier.

Pour rappel, ce Conseil de la concurrence créé en 2008 est une institution constitutionnelle autonome. Elle jouit des droits de rapport, d'auto-saisine, d'enquête et de plaidoyer, ce qui vient d'être confirmé par une nouvelle loi. En principe, elle a un pouvoir décisionnel en matière de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles.

"Les opérations de concentration économique au Maroc sont régies par la loi n°06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence et par son décret d’application n°2-00-854 du 17 septembre 2001. Ces dispositions s’appliquent lorsque les entreprises concernées détiennent globalement plus de 40% du marché pertinent concerné", soulignait l’avocat d’affaires Philippe de Richoufftz, Avocat associé au cabinet Adamas dans une chronique à L’Usine Nouvelle.

Une étude du Conseil de la concurrence de 2012 sur la "concurrentiabilite du secteur du ciment" estimait, elle, que le marché marocain s’apparentait à un oligopole, sans se prononcer vraiment toutefois sur l'absence ou non de concurrence.

mauvais coup pour la concurrence

Le gouvernement marocain a donc décidé de ne pas chercher à en savoir plus alors que le marché va être bouleversé par cette fusion. Un mauvais coup donc pour l’émergence du droit de la concurrence dans le royaume.

A parité avec sa maison mère française le groupe Lafarge, Lafarge Maroc est détenu à 50% par SNI, holding de la famille royale. Holcim Maroc est pour sa part une filiale à 43% du groupe suisse Holcim.

Selon le site Media24, l'executif marocain réfute l’idée de cartellisation du marché mais l’analyse du Conseil de la concurrence, présidé par Abdelali Benamor serait tout autre.

Réunis, les filiales cotées au Maroc des deux groupes pèsaient en 2013 environ 8 milliards de dirhams de chiffre d’affaires (dont 5 pour Lafarge). Ensemble, ils exploitent une dizaine de cimenteries, unités d'ensachage ou de broyage (encadré).

Cette fusion intervient dans un contexte difficile pour le secteur : le marché du ciment s'élèvait  à 14,87 millions de tonnes en 2013 en recul de 6,3% sous l'effet d'une dépirme du secteur de l'immobilier. Depuis le début d'année, la tendance ne s'est guère inversée.

Mais tant Lafarge que Holcim restent extrêmement rentables au Maroc comparés aux standards européens de profitabilité . Leur véhicules cotés ont affiché en 2013 une marge nette de 12,1% pour Holcim et 27,7% pour Lafarge.

 
A côté de ces deux forces dominantes, les autres acteurs du marché sont Ciments de l'Atlas (groupe Addoha/Sefrioui) et Ciments du Maroc, une filiale d’Italcimenti. Le groupe brésilien Votorantim possède également une usine.

Désormais à moins qu'un concurrent ne conteste la décision d'Abdelilah Benkirane en justice (ou pourquoi pas un revirement gouvernemental), les deux groupes européens vont devoir mettre en place les modalités pratiques de leur fusion dans le royaume.

Une mécanique complexe comme l'explique le site boursier FL Markets car ils sont donc tous deux cotés à la bourse de Casablanca et ont des actionnaires minoritaires de poids comme la SNI pour Lafarge et la Banque islamique de développement pour les deux groupes.

A signaler à ce sujet que la décision du gouvernement le mercredi 15 octobre n'a fait l'objet d'aucune information officielle aux actionnaires alors que les cours des deux groupes ont joué au yoyo sur la place de Casablanca ces derniers jours.

L’opération, proprement dite devra passer par une OPA ou une OPE et être bien sûr validée auparavant par le Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières. Un beau marché en vue pour les banquiers et autres avocats d’affaires.

En attendant à terme, les inévitables rationalisations industrielles et autres restructurations.

L'USINE NOUVELLE

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